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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/301

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EXCURSION DANS L’OYAPOCK.

y attacheraient-ils la même idée qu’à toute autre marque propre à les distinguer de leurs compatriotes mais il est impossible qu’ils se croient autres qu’ils n’étaient auparavant, pour avoir reçu un peu d’eau sur la tête avec certaines cérémonies, et sans instruction religieuse préalable.

La condition des femmes, parmi les Indiens, est un des points sur lesquels on les a le plus maltraités dans les écrits du dernier siècle et de celui-ci : chez presque tous, la femme est condamnée aux plus rudes travaux, et si un petit nombre d’exceptions se présentent parmi quelques nations des États-Unis et du Brésil, elles ne sont pas assez nombreuses pour détruire la règle générale. La plupart des assertions à cet égard sont, néanmoins, des exagérations outrées pour ce qui concerne les Indiens de la Guyane. Chez eux, le travail est réparti entre les deux sexes comme le veulent la nature et le bon sens, et en comparant la condition des Indiennes avec celles des femmes de nos classes inférieures, on verrait que la balance pencherait en faveur des premières. La culture de la terre n’étant qu’une ressource accessoire pour les Indiens, la chasse et la pêche, qui forment la principale, sont en entier à la charge des hommes. Il en est de même de la construction des canots et de leur conduite en voyage ; eux seuls pagayent, et souvent pendant des journées entières, sans que les femmes s’en mêlent. Lorsqu’il s’agit de faire un abatis, le travail le plus pénible les regarde encore ; ce sont eux qui coupent les gros arbres et qui y mettent le feu. Le reste est l’affaire des femmes, et consiste à gratter çà et là la terre, et à mettre dans chaque trou une bouture de manioc ou de toute autre plante, qui croît sans autre soin qu’un peu de sarclage dans les commencemens, pour que les mauvaises herbes ne l’étouffent pas ; et Dieu sait comment les Indiennes s’acquittent le plus souvent de ce travail ! L’extraction du manioc et sa conversion en couac les regardent encore ; cela rentre dans les soins ordinaires du ménage. Ces légers travaux terminés, elles peuvent employer leur temps comme bon leur semble, et satisfaire leur penchant à la paresse : on ne voit point non plus parmi les indiens de ces scènes scandaleuses si fréquentes dans les ménages de nos basses classes, et qui déshonorent également les deux époux. Leurs carbets offrent l’image de la paix et de la concorde, et les