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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/300

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temps à autre à leur service. D’une cinquantaine qui furent dans ce cas, il n’en existe plus aujourd’hui que quatre ou cinq. Les autres ont été empoisonnés par leurs compatriotes, soit par jalousie, soit pour les punir de leurs rapports trop fréquens avec les blancs, ou pour tout autre motif.

Les Oyampis appartenant à cette grande famille indienne des Caribes qui occupait autrefois les Antilles et la majeure partie de l’immense territoire compris entre l’Orénoque, l’Amazone et le Rio-Negro, j’espérais rencontrer parmi eux quelques traces de ces anciennes traditions mythologiques qui subsistent encore chez quelques peuplades répandues le long de ces trois fleuves ; mais toutes mes recherches à cet égard ont été sans résultat. Leurs croyances religieuses se bornent à une idée vague d’un mauvais principe qui cherche à leur nuire, et qu’ils désignent sous le nom d’iroukan, terme qui est en usage parmi un nombre infini de nations de la Guyane et du Brésil. Ils ne lui rendent aucun culte proprement dit, mais se contentent d’observer dans certaines occasions quelques pratiques superstitieuses qui varient au gré des individus, et qui consistent ordinairement à s’abstenir de certaines espèces de gibier, ou de prononcer les noms de quelques objets de mauvais augure. Quant à l’existence d’un état futur, ils ne savent ce qu’on veut leur dire quand on les questionne à ce sujet ; tous ceux qui vivent dans le voisinage des blancs sont cependant baptisés, et reçoivent des noms de saints qui leur sont conservés par leurs compatriotes. L’Oyapock, n’ayant point de paroisse, ne voit guère de prêtres que ceux qu’on y envoie ordinairement de Cayenne, à l’époque de la tournée annuelle du gouverneur dans la colonie, pour administrer le baptême aux Indiens qui ne l’ont pas encore reçu. Les Indiens se prêtent d’autant plus volontiers à cette cérémonie, qu’elle est accompagnée de quelques présens que leur font leurs parrains, et ils la renouvelleraient plusieurs fois, si on les laissait faire. Dans le temps de leurs plus brillans succès, les missionnaires aidaient par les mêmes moyens à la conversion des néophytes, et se plaignaient déjà que la plupart se feraient baptiser dix fois par jour pour autant de verres de tafia. Il est bien difficile qu’il en soit autrement. Si le baptême laissait derrière lui un signe sensible, tel que la circoncision par exemple, peut-être les Indiens