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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

Il serait, en tout cas, superflu de nous arrêter à la signaler au grand nombre. Il suffit de dire qu’au point de vue de la philosophie de M. de Schelling, la grande sphère de la nature organisée se divise comme en deux hémisphères : l’hémisphère végétal et l’hémisphère animal ; qu’en conséquence, tous les points de l’un ou de l’autre de ces deux hémisphères se trouvent nécessairement avoir des points analogues et correspondans dans l’hémisphère opposé.

OBSERVATION.

Il y a déjà quelque temps que j’entretiens mes lecteurs d’organisme et d’organisation ; cependant je n’ai point encore parlé de la vie. Il est possible que quelques-uns en éprouvent une sorte d’étonnement, mais cela dénoterait peut-être, en eux, quelque préoccupation des doctrines de la philosophie sensualiste : or, c’est d’un point de vue tout autre que la philosophie de la nature considère la vie.

La philosophie matérialiste regarde la vie comme le produit de l’organisation : la philosophie de la nature voit, au contraire, dans l’organisation, le produit, le résultat de la vie.

Bien loin de considérer la vie comme un produit des choses, ce sont les choses qu’elle considère en général comme un produit de la vie. Jacobi semble avoir résumé les doctrines de M. de Schelling, sur ce point, dans le peu de mots qui suivent : « Je ne sache rien de plus absurde, dit-il, que de voir dans la vie le produit des choses ; ce sont bien plutôt les choses qui sont un produit de la vie, dont elles ne sont en définitive que des expressions, des manifestations variées. » L’essence des choses, dit aussi en propres termes M. de Schelling, ce qui, dans les choses, n’est pas une simple ou passagère apparition, c’est la vie : l’accidentel est le mode de la manifestation extérieure de la vie.

En un mot, dans les doctrines de la philosophie de la nature, la matière ne vit pas : la matière est vivifiée. Mais, dans ce cas, et d’après ces doctrines, quel peut être ce principe vivifiant ? Qu’est-ce que la vie ?