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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

posé de ne contempler que sous un seul point de vue cet ordre de choses invisibles.

C’est dans ce dessein que je me suis borné à ne considérer l’opposition des principes contraires que sous un seul rapport, celui où ils se feraient opposition, à la façon de deux forces agissant et réagissant l’une contre l’autre ; mais ce rapport d’opposition, bien loin d’être le seul qui existe entre les principes opposés, n’est au contraire que le plus visible, le plus saisissable, de tous ces rapports différens ; car nous ne saurions imaginer un seul rapport d’opposition possible, qui ne se trouvât pas réellement exister entre les principes contraires.

À vrai dire, il n’existe pas un seul fait, une seule chose, une seule idée ; il n’existe pas pour nous, soit dans le monde moral, soit dans le monde physique, un seul point, où ne se passe une opposition analogue à celle que nous avons décrite. Si je me suis attaché de préférence à celle-ci pour la raconter, c’est uniquement parce que, plus facile à saisir que les autres, elle en était comme un symbole visible.

Il serait même de toute impossibilité que sur un point quelconque de la connaissance humaine, cette opposition constante n’eût point lieu ; car c’est elle-même qui constitue la connaissance humaine.

Le lecteur en sera peut-être convaincu par le peu de lignes qui vont suivre, s’il consent à s’élever avec moi de quelques degrés de plus dans la sphère de l’abstraction philosophique.

AUTRE POINT DE VUE DU DUALISME.

La connaissance est l’expression d’un rapport entre deux termes.

Elle est un lien entre ces deux termes.

L’un de ces termes est la représentation dans l’intelligence d’un objet en dehors de l’intelligence.

L’autre est la chose même dont celui-ci est la représentation. De ces deux termes, le premier se rattache à l’intelligence humaine, puisque c’est là qu’il existe ; c’est un produit de moi.

Le second se rattache de même à la chose en dehors du moi, c’est-à-dire au monde, à la nature.