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quante ans, la gloire scientifique de l’Italie : Cassini y professa avant de venir se fixer en France ; Marsigli trouva dans la fondation de l’Institut une noble consolation contre l’ingratitude de la maison d’Autriche ; Manfredi et Zanotti cultivèrent avec un égal succès la poésie et les sciences mathématiques. À ces noms célèbres il faut ajouter celui moins connu du marquis Fagnani de Sinigaglia, qui, en 1718 (presque à la naissance du calcul intégral), publia la Comparaison des arcs de la Lemniscale, l’une des découvertes les plus remarquables de l’analyse moderne. Ce sujet, dont Euler et Lagrange s’occupèrent quarante ans après, se retrouve encore à la tête des recherches récentes d’Abel et d’Iacobi, sur les transcendantes ellyptiques.

Outre ce miracle des polyglottes, Mezzofanti (qui à vingt-neuf ans parlait et lisait vingt-neuf langues, et qui en a appris presque un nombre double depuis), Bologne renfermait naguère encore Orioli, dont nous avons déjà cité les travaux ; Magistrini, habile mathématicien ; Bertoloni, l’un des premiers botanistes de l’Italie, et d’autres professeurs du plus grand mérite. D’ailleurs, des hommes distingués étaient répandus dans presque toutes les villes de la Romagne. Le comte Léopardi, élégant écrivain et poète profondément mélancolique, mérite d’être placé au premier rang. Les malheurs de l’Italie ont brisé sa lyre, mais il faut espérer que, dans des temps meilleurs, il nous fera entendre encore ses mâles accens. Les travaux de Borghesi sur l’histoire romaine lui ont valu une réputation européenne, et les sciences naturelles doivent à M. Paoli des progrès importans. — Mais les savans de la Romagne méritent aussi des éloges d’un autre genre. Dans les dernières commotions de l’Italie, ils ont tous payé leur dette à la patrie : Mamiani, en refusant de signer la capitulation d’Ancône, a montré qu’il savait imiter ces Grecs dont il avait dignement chanté la gloire. Il vit dans l’exil comme Orioli, comme Pétrucci, Pépoli, et tout ce que les Légations avaient d’hommes distingués. La jeunesse a émigré presque en masse, et maintenant les hommes de Frosinone, avec leurs alliés blancs et bleus, sont les seuls élémens d’instruction qui restent à la Romagne.

L’histoire littéraire du royaume de Naples n’est pas aussi connue qu’elle le mérite, tant par son importance que par l’influence que