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ROME ET NAPLES.

cette belle contrée a exercée sur le reste de l’Italie. On a assez étudié les travaux d’Archimède, d’Empédocles, d’Archytas, de Dicéarque, et en général de l’ancienne école italo-grecque ; mais les services importans que l’Italie méridionale a rendus aux sciences et aux lettres après la chute de l’empire romain, sont presque méconnus. Le royaume de Naples, placé à l’extrémité de l’Italie, fut moins exposé que le nord de la Péninsule aux incursions dévastatrices des barbares. La Sicile passa des Grecs aux Arabes, qui y apportèrent une nouvelle civilisation et les germes des sciences modernes. L’influence des Arabes avait été si grande, que les premiers rois normands furent même forcés de mettre une légende arabe sur les monnaies qu’ils firent frapper, afin d’en rendre l’usage populaire. Les rapports des Siciliens avec les Mahométans d’Afrique continuèrent pendant les siècles suivans. On connaît le grand globe d’argent qu’Edrisi construisit au douzième siècle, pour Roger, roi de Sicile. Plus tard, Frédéric ii fit traduire de l’arabe plusieurs livres d’Aristote et l’Almageste de Ptolémée, et contribua puissamment à l’agrandissement des universités italiennes. En s’occupant lui-même de poésie sicilienne, il dut hâter sans doute le développement de la nouvelle littérature.

Au commencement du seizième siècle, Maurolicus de Messine, par des recherches originales et des ouvrages remarquables, donna une heureuse impulsion aux sciences physiques et mathématiques en Sicile, pendant que Pontanus et Sannazzaro, à Naples, faisaient briller les études classiques. Dans ce siècle, l’académie cosentine fut illustrée par les travaux de Telesius, de Giordano Bruno et de Campanella, qui attaquaient Aristote au péril de leur vie et de leur liberté, et préparaient la réforme de la philosophie. En même temps Porta publiait, à quinze ans, la Magie naturelle, qui, toute chargée d’erreurs vulgaires qu’elle était, renfermait néanmoins des observations importantes. Porta, qui avait étudié presque toutes les branches des sciences naturelles, et qui avait pu en même temps se faire une réputation comme auteur comique, fut le fondateur de la première académie de physique expérimentale qui ait été établie en Europe.

Au dix-septième siècle, le royaume de Naples fournit à l’académie del Cimento deux de ses membres les plus distingués, Bo-