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une grotte nommée Kæsegrotte (la grotte des fromages), qui est fort célèbre dans le pays par la bizarrerie de sa forme et par la légende qui lui sert d’histoire. Cette grotte est taillée ou plutôt détachée à bras d’hommes dans l’intérieur d’un filon de basalte, et s’ouvre d’un côté sur le torrent qui se précipite dans les rochers ; son intérieur consiste en une galerie bien alignée et bien régulière, formée de colonnes qui, au premier aspect, ont quelque analogie avec certaines colonnes torses de l’architecture de la renaissance. Ces colonnes sont composées de boules de basalte de quarante centimètres de diamètre, un peu aplaties et posées d’aplomb les unes au-dessus des autres ; la ressemblance qui en résulte avec un magasin de fromages régulièrement entassés a valu à la grotte le nom sous lequel elle est connue.

Cette décomposition du basalte en boules rapprochées de telle façon que leur axe de révolution est toujours vertical et toujours aligné avec ceux qui le précèdent et avec ceux qui le suivent dans la même rangée, est digne de fixer l’attention. La singularité de cette disposition est d’ailleurs en partie expliquée par ce que présente un autre filon de basalte, situé dans les environs de la ville, filon où l’on voit dans une période moins avancée le travail de décomposition qui a produit ces piliers si remarquables.

Dans ce second filon, quand on l’aperçoit d’abord, on ne voit que des prismes triangulaires ou plutôt quadrangulaires, dans lesquels le basalte est divisé ; mais en approchant, on aperçoit des fissures horizontales qui partagent tous ces prismes par portions à peu près égales. La décomposition de la roche se produit surtout au voisinage de ces fentes ; la substance se désagrège, les angles s’émoussent, et la masse arrive à prendre une apparence qui se rapproche de celle de la Kæsegrotte. Il est probable que dans ce dernier point le basalte aura commencé de la même manière à se diviser en prismes verticaux, et que plus tard la décomposition se sera graduellement opérée autour des centres situés sur les axes. Il n’est peut-être pas sans intérêt de remarquer qu’à la Kæsegrotte la partie supérieure du filon, placée au-dessus des eaux du torrent, ne présente rien de semblable dans sa décomposition, et n’est pas même fissurée en prismes.

Ici la division naturelle des basaltes n’avait fait, pour ainsi dire, qu’ébaucher les colonnes, et c’est la décomposition due à l’action atmosphérique qui leur a donné les formes arrondies ; dans les deux cas que nous allons citer maintenant, cette action n’a pas eu d’influence sensible et la disposition en couches concentriques des cylindres de Stenzelberg et du sphéroïde de Langenberd, date de l’époque même de la consolidation de la roche.