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et ce n’était pas la moindre difficulté, c’est l’aspect des joues qui donnent à la figure une physionomie heureuse et calme. Il y avait à craindre que l’obésité n’arrondît les plans au point de les effacer. Il n’en est rien.

La tête de jeune homme dont j’ai parlé est d’une élégance digne des meilleurs maîtres. On y retrouve toutes les qualités de l’auteur appliquées à un type très heureux, à un costume dont les couleurs se détachent très bien.

À côté de mon admiration très sincère pour ces quatre têtes, il y a place encore dans mon esprit pour un regret et un vœu, et j’espère que madame L. de Mirbel pourra les prendre en considération. Après ce qu’elle a fait jusqu’ici, je ne doute pas qu’elle ne se résigne à de nouveaux efforts. Le passé nous répond de l’avenir. J’avouerai donc sans hésitation, et sans vouloir compenser mes éloges par des récriminations systématiques, que l’auteur me semble avoir quelque chose à gagner dans la peinture des vêtemens. Ce que je demande est bien peu de chose. Il s’agirait seulement de les accuser plus largement, de procéder plus souvent par masses et de négliger plus volontiers le détail. Ce que j’exige, on le voit, est plutôt un sacrifice qu’une tâche. Mais au point où madame de Mirbel est aujourd’hui parvenue, toutes les remarques, si puériles qu’elles soient en apparence, acquièrent un grand intérêt. En donnant au vêtement une moindre perfection, elle augmenterait fatalement la valeur de ses têtes ; l’attention serait plus concentrée, et les yeux ne verraient dans les accessoires indiqués sobrement que le cadre obligé d’une figure. Non pas au moins que je conseille de laisser l’étoffe en ébauche. Il y aurait dans cette méthode un charlatanisme trop visible, et auquel un talent élevé ne peut se résigner.

Mais l’étude assidue des grands maîtres révèle évidemment les avantages du sacrifice que je demande. Il y a deux ans, madame de Mirbel, dans le portrait des demoiselles de P…, avait fait un fond de paysage. La critique, sans blâmer le paysage pris en lui-même, puisqu’il était d’une extrême simplicité, y vit cependant une occasion de distraction. La conscience de l’artiste s’est probablement rangée au même avis, puisque cette année ses têtes sont placées sur des fonds nus. Aujourd’hui je profite librement du droit qui m’est assuré par le perfectionnement progressif, et, à ce qu’il