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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/201

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SALON DE 1833.

lui-même, témoignent assez du respect de l’antiquité pour la beauté intellectuelle. À mon sens il n’y avait aucun inconvénient à doter Cyparisse d’un visage moins pauvre et moins simple. Le torse et les membres sont charnus et palpitans, la tête ne pense pas, pourquoi ?

Le groupe de Caïn, par M. Etex, excite une attention générale, et c’est en effet un ouvrage important. Si l’on considère d’ailleurs que c’est le début de l’auteur, on doit espérer pour lui un avenir glorieux. Seulement je redoute les éloges et les flatteries qui ne lui manqueront pas. On demande du marbre et du bronze pour traduire ses pensées ; personne plus que moi ne souhaite pour sa fantaisie des interprètes nombreux, dociles et durables ; mais je crois qu’on se hâte trop de le couronner, de chanter hosannah et de brûler l’encens. Je voudrais voir M. Etex à l’œuvre sur un bloc de Carrare ; mais je lui conseillerais bien des modifications. La seule figure qui me satisfasse dans ce groupe, c’est la femme de Caïn : encore l’exécution n’est-elle pas complète. Le Caïn est laid et ignoble, sans être horrible ni repentant. Son fils, placé à sa droite, pourrait se détacher sans laisser aucun regret ; sa pose n’est pas heureuse. Son bras se place péniblement sous l’aisselle de Caïn, sa jambe s’infléchit comme si les os étaient ramollis. Je ne crois pas que la sculpture permette ces mesquines pauvretés, quand bien même la nature les donnerait. La main droite de Caïn, qui semble vouloir indiquer l’idée d’abattement, mérite le même reproche. En résumé, ce groupe, dont la face antérieure et postérieure satisfait aux conditions de la sculpture, pèche évidemment par un défaut d’harmonie dans les faces latérales. Avant l’exécution définitive il faudrait aviser à corriger ces défauts.

Le lion de Barye est une belle et grande chose. Si c’est le bronze qui doit en assurer la durée, le résultat n’est pas douteux. Si c’est le marbre, il faudra faire des sacrifices, trouver des masses qui n’y sont pas, effacer les détails trop nombreux, et, tout en conservant la vérité des lignes et de l’attitude, exagérer certaines parties de la réalité pour arriver à une beauté plus simple et plus claire. — Il faudrait aux Tuileries deux figures au moins comme le lion de Barye.

La figure napolitaine, de M. Rude, est au nombre des meilleurs