La Revue est assignée en police correctionnelle, comme ayant, en contravention à la loi de juillet 1828, traité de la politique sans l’établissement préalable du cautionnement que cette loi exige.
Tel est, du moins, le prétexte affiché de cette première persécution. Le 23 de ce mois nous paraîtrons devant nos juges. Malgré l’étroitesse et la mesquinerie de l’attaque, qui, vue de près et isolément de tout ce qu’elle prétend traîner de conséquent après elle, ne serait réellement digne que d’incrédulité et de dédain, nous ne pouvons nous dissimuler qu’il s’agit dans cette affaire d’un droit vital, en qui se trouvent à la fois menacées la science, la philosophie et les lettres. Le sentiment profond que nous avons de la conscience et de l’élévation de notre œuvre, tout aussi bien que l’intérêt général de l’art et de la science, nous fait un devoir et peut-être nous donne le droit de répondre à la citation qui nous est faite par le plus grand éclat, et d’invoquer pour la défense l’autorité d’une parole sévère et d’un nom illustre.
Certes ce n’est ici ni le lieu ni la personne qui conviennent pour traiter le sujet avec la rigueur et l’évidence du droit. Nous attendons les débats de l’audience avec calme, sans crainte et sans passion. Mais il est bon toutefois de présenter, dès aujourd’hui, à nos lecteurs quelques considérations générales, dont aussi bien messieurs du parquet pourront tirer profit, car nous ne cherchons ni le bruit ni le scandale : le scandale ne profite guère au travail et à l’étude, et décidés que nous sommes à nous faire bonne et éclatante justice de toutes les tracasseries sourdes et misérables, nous désirons sincèrement, car il en est temps encore, que l’accusation bien éclairée nous épargne à nous cette peine et n’ajoute point à toutes les vexations et les violences du pouvoir avortées contre la presse un échec de plus.
Que l’accusation porte principalement sur quelques lignes de la chro-