nique du 15 mars, ainsi que l’exprime la pièce de procédure qui nous est remise, c’est ce que nous ne pouvons croire. Il serait singulier que le ministère public attachât plus que nous d’importance à ces revues anecdotiques qui, de quinze jours en quinze jours, dans des publications de cent vingt pages, n’ont jamais occupé plus de trois feuillets ; les chroniques rédigées au dernier jour de la quinzaine et comme délassement de travaux sérieux, ces chroniques tantôt graves ou légères, selon la disposition du moment, toujours élevées toutefois, même dans la satire. Depuis la loi de 1828, nous n’avons pas souvenir que nulle publication hebdomadaire ou de quinzaine ait été tourmentée à l’occasion de ses chroniques, et pourtant il est notoire que chacune a la sienne ; car la chronique, c’est le feuilleton des Revues.
La Revue de Paris a présenté, en 1830 et 1831, un exemple plus large encore que le principe que nous réclamons, et il est bon de le citer.
En décembre 1830, époque de grande fermentation, c’était alors un temps de jugement de ministres et d’émeutes ; à cette époque, dis-je, la Revue de Paris inséra dans ses feuilles, avec un faste et des développemens inusités, un programme de revue politique, qui désormais allait former une des parties les plus considérables et les plus saillantes de ses publications. Observez bien que ce n’était pas une intervention large, élevée, morale, qu’elle promettait à ses lecteurs dans tous les grands et petits orages des évènemens quotidiens ; bien que ne paraissant qu’à des intervalles de huitaine, elle annonçait qu’elle suivrait au jour le jour les intrigues et les débats des partis, qu’elle prendrait rang au milieu d’eux avec toute la minutie et la vivacité des journaux quotidiens ; l’ampleur de la revue politique chaque dimanche devait suppléer à la quotidienneté. C’était en réalité une action pratique que l’on comptait exercer sur les chambres, sur les gardes nationales, les électeurs et toutes les branches de l’administration et du gouvernement : c’était, dans le fond, comme dans la forme, une véritable polémique.
Eh bien ! cette revue politique, si étendue, imprimée en même caractère que le corps même de la Revue, et non pas en petit-texte, comme nos simples chroniques ; cette revue politique a poursuivi sa carrière depuis décembre 1830 jusqu’en octobre 1831.
Pas une réclamation des gens du roi, pas une poursuite. Une seule fois le bruit courut que la Revue de Paris allait être poursuivie ; elle se contenta d’insérer en grosses capitales cette note : Le Courrier Français a été induit en erreur en annonçant cette semaine qu’un procès était intenté au gérant de la Revue de Paris, pour avoir publié des articles politiques dans un journal consacré à la littérature. Et après cette note la revue politique courut sa carrière durant dix mois, dont huit sous le ministère de M. Perrier que nul