Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
REVUE DES DEUX MONDES.

rien ne supplée, lorsqu’on veut arriver à des conclusions solides, et ne pas apprécier certains faits comme au hasard. Le résultat de tant de travaux est consigné dans l’Histoire des anciens peuples d’Italie, qu’il vient de publier à Florence. Nous tâcherons d’en donner une idée sommaire, en nous permettant, d’après son invitation même, de soumettre à l’illustre auteur quelques doutes sur différens points susceptibles, ce nous semble, d’être contestés, et sur plusieurs applications de son hypothèse fondamentale, développée avec autant d’art que de clarté, mais conçue en un sens trop exclusif peut-être.

M. Micali se place d’abord au centre de cette magnifique chaîne de montagnes qui parcourt l’Italie dans toute sa longueur. Il suppose qu’à une époque où déjà le pays était habité, la Sicile, auparavant jointe à la Calabre, en fut séparée par quelque violente commotion du sol[1] ; et que, dans le même temps, la mer, recouvrant les plaines aujourd’hui si fertiles qui s’étendent des deux côtés des Apennins, s’élevait jusqu’au pied de ceux-ci et en baignait les croupes[2]. Ces deux suppositions paraissent difficiles à admettre. On est généralement d’accord que la Sicile, comme l’Angleterre et quelques autres îles, autrefois unies aux continens voisins, n’en ont point été séparées postérieurement au grand cataclysme qui opéra, il y a environ cinq mille ans, des bouleversemens si profonds sur la surface de notre globe. Et quant à la submersion primitive des plaines de la péninsule italique, elle impliquerait un changement de niveau dans les mers adjacentes, qui successivement se seraient abaissées et considérablement abaissées ; fait contraire aux observations et aux documens historiques, d’où il résulte que le niveau de la Méditerranée n’a pas varié sensiblement depuis près de trente siècles. Il est très vrai cependant que ces plaines, inondées par les débordemens des fleuves qui les traversent, étaient pour la plupart originairement inhabitables, ainsi que le dit M. Micali ; qu’elles n’ont pu devenir propres à l’habitation de l’homme qu’à l’aide d’immenses travaux de dessèchement, de digues construites pour contenir et diriger les cours d’eau, et qu’encore aujourd’hui une négligence de moins

  1. Tome i, page 4.
  2. Ibid. p. 17.