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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/367

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HISTOIRE DES ANCIENS PEUPLES ITALIENS.

antique contrée, fondèrent parmi eux un ordre social tout nouveau ; car il n’existe aucun autre exemple d’une nation ainsi changée fondamentalement par des étrangers fugitifs, nécessairement suspects du moment où ils auraient laissé seulement apercevoir la pensée d’opérer une révolution, laquelle bouleversait, avec le droit reçu, les relations antérieures entre les divers membres de la communauté. Et d’ailleurs, s’il existe des rapports qu’on ne peut méconnaître entre les idées religieuses des Étrusques et les croyances égyptiennes, il n’en existe presque aucun entre leur organisation sociale et celle de l’Égypte, fondée sur le système des castes. De plus, la mythologie étrusque, d’après ce que les monumens nous en apprennent, avait des relations non moins marquées avec des croyances assyriennes et phéniciennes ; et leur religion, leurs institutions, leurs lois, leur ordre social entier formaient un tout tellement compacte, si étroitement lié dans toutes ses parties, que l’esprit se refuse à le concevoir sous une autre notion que celle d’une production vivante et spontanée du génie et des traditions nationales, modifiées ensuite superficiellement par des causes accidentelles, qui jamais n’en altérèrent le fond principal.

Que s’il nous reste des doutes sur l’identité originaire des Ra-Sènes et des Osques, nous ne pensons pas qu’on puisse en conserver sur l’origine commune des peuplades qui successivement occupèrent la péninsule, depuis les rives du Tibre jusqu’à l’extrémité de la Calabre. On peut en voir le dénombrement dans M. Micali, qui suit et expose leur filiation avec une science, une sagacité et une clarté admirable.

Pour comprendre les mouvemens de toutes ces populations, il faut les rapporter à trois causes générales.

Premièrement, l’invasion étrangère. Ainsi, dès les plus anciens temps, les nations connues sous le nom d’Illyriens, de Thessaliens, de Pélages, traversant l’Adriatique, s’emparèrent des côtes voisines des bouches du Pô, et s’avançant ensuite dans l’intérieur du pays, en chassèrent les Ombriens, qui, rencontrant dans leur fuite les Sicules, établis entre l’Arno et le Tibre, les forcèrent de leur céder ce territoire, et de chercher eux-mêmes une autre patrie qu’ils ne trouvèrent que dans la Sicile, à laquelle ils donnèrent leur nom, après l’avoir en partie conquise sur les Sicaniens, ses premiers