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LES CAPRICES DE MARIANNE.
CŒLIO.

Je ne puis dire pourquoi ; il me semble que tu vas me tromper.

OCTAVE.

Touche là. Je te jure sur mon honneur que Marianne sera à toi, ou à personne au monde, tant que j’y pourrai quelque chose.

(Cœlio sort.)


(Entre Marianne. Octave l’aborde.)
OCTAVE.

Ne vous détournez pas, princesse de beauté ! laissez tomber vos regards sur le plus indigne de vos serviteurs.

MARIANNE.

Qui êtes-vous ?

OCTAVE.

Mon nom est Octave ; je suis cousin de votre mari.

MARIANNE.

Venez-vous pour le voir ? entrez au logis ; il va revenir.

OCTAVE.

Je ne viens pas pour le voir et n’entrerai point au logis, de peur que vous ne m’en chassiez tout-à-l’heure, quand je vous aurai dit ce qui m’amène.

MARIANNE.

Dispensez-vous donc de le dire, et de m’arrêter plus long-temps.

OCTAVE.

Je ne saurais m’en dispenser, et vous supplie de vous arrêter pour l’entendre. Cruelle Marianne ! vos yeux ont causé bien du mal, et vos paroles ne sont pas faites pour le guérir. Que vous avait fait Cœlio ?

MARIANNE.

De qui parlez-vous, et quel mal ai-je causé ?

OCTAVE.

Un mal le plus cruel de tous, car c’est un mal sans espérance ; le plus terrible, car c’est un mal qui se chérit lui-même, et repousse la coupe salutaire jusque dans la main de l’amitié ; un mal qui fait pâlir les lèvres sous des poisons plus doux que l’ambroisie, et qui fond en une pluie de larmes le cœur le plus dur, comme la perle