il est aisé de me tromper ; je ne sais pas me défier d’une action que je ne voudrais pas faire moi-même.
Si tu escaladais les murs ?
Entre elle et moi est une muraille imaginaire que je n’ai pu escalader.
Si tu lui écrivais ?
Elle déchire mes lettres, ou me les renvoie.
Si tu en aimais une autre ! Viens avec moi chez Rosalinde.
Le souffle de ma vie est à Marianne ; elle peut d’un mot de ses lèvres l’anéantir ou l’embraser. Vivre pour une autre me serait plus difficile que de mourir pour elle ; ou je réussirai, ou je me tuerai. Silence ! la voici qui rentre ; elle détourne la rue.
Retire-toi, je vais l’aborder.
Y penses-tu ? dans l’équipage où te voilà ! essuie-toi le visage ; tu as l’air d’un fou.
Voilà qui est fait. L’ivresse et moi, mon cher Cœlio, nous nous sommes trop chers l’un à l’autre pour nous jamais disputer ; elle fait mes volontés comme je fais les siennes. N’aie aucune crainte là-dessus ; c’est le fait d’un étudiant en vacance qui se grise un jour de grand dîner, de perdre la tête et de lutter avec le vin ; moi, mon caractère est d’être ivre, ma façon de penser est de me laisser faire, et je parlerais au roi en ce moment, comme je vais parler à ta belle.
Je ne sais ce que j’éprouve. — Non ! ne lui parle pas.
Pourquoi ?