chanter sous vos fenêtres ? N’avez-vous jamais soulevé, à minuit, cette jalousie et ce rideau ?
Tout le monde peut chanter le soir, et cette place appartient à tout le monde.
Tout le monde aussi peut vous aimer ; mais personne ne peut vous le dire. Quel âge avez-vous, Marianne ?
Voilà une jolie question, et si je n’avais dix-neuf ans, que voudriez-vous que j’en pense.
Vous avez donc encor cinq ou six ans pour être aimée, huit ou dix pour aimer vous-même, et le reste pour prier Dieu.
Vraiment ? Eh bien ! pour mettre le temps à profit, j’aime Claudio, votre cousin et mon mari.
Mon cousin et votre mari ne feront jamais à eux deux qu’un pédant de village ; vous n’aimez point Claudio.
Ni Cœlio ; vous pouvez le lui dire.
Pourquoi ?
Pourquoi n’aimerais-je pas Claudio ? c’est mon mari.
Pourquoi n’aimeriez-vous pas Cœlio ? c’est votre amant.
Me direz-vous aussi pourquoi je vous écoute ? Adieu, seigneur Octave ; voilà une plaisanterie qui a duré assez long-temps.
Ma foi, ma foi ! elle a de beaux yeux. (Il sort.)