Scène II.
Disposez ces fleurs comme je vous l’ai ordonné ; a-t-on dit aux musiciens de venir ?
Oui, madame ; ils seront ici à l’heure du souper.
Ces jalousies fermées sont trop sombres ; qu’on laisse entrer le jour sans laisser entrer le soleil. — Plus de fleurs autour de ce lit ; le souper est-il bon ? Aurons-nous notre belle voisine, la comtesse Pergoli ? À quelle heure est sorti mon fils ?
Pour être sorti, il faudrait d’abord qu’il fût rentré. Il a passé la nuit dehors.
Vous ne savez ce que vous dites. — Il a soupé hier avec moi, et m’a ramenée ici. A-t-on fait porter dans le cabinet d’études le tableau que j’ai acheté ce matin ?
Du vivant de son père, il n’en aurait pas été ainsi. Ne dirait-on pas que notre maîtresse a dix-huit ans, et qu’elle attend son Sigisbé ?
Mais du vivant de sa mère, il en est ainsi, Malvolio. Qui vous a chargé de veiller sur sa conduite ? Songez-y : que Cœlio ne rencontre pas sur son passage un visage de mauvais augure ; qu’il ne vous entende pas grommeler entre vos dents, comme un chien de basse cour à qui l’on dispute l’os qu’il veut ronger, ou par le ciel, pas un de vous ne passera la nuit sous ce toit.
Je ne grommelle rien ; ma figure n’est pas un mauvais présage ; vous me demandez à quelle heure est sorti mon maître, et je vous