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REVUE DES DEUX MONDES.

est semblable à la fanfare guerrière : elle mène au combat, et divinise le danger. Tout est si beau, si facile, tant qu’elle retentit au fond du cœur ! mais le jour où sa voix expire, le soldat s’arrête et brise son épée.

DAMIEN.

Qu’avez-vous, madame ? vous paraissez souffrir.

LIONEL.

Mais en effet, quelle pâleur ! nous devrions nous retirer.

LUCRÈCE.

Spinette ! Entre dans ma chambre, ma chère, et prends mon flacon sur ma toilette. Tu me l’apporteras. (Spinette sort.)

ANDRÉ.

Qu’avez-vous donc, Lucrèce ? Ô ciel ! seriez-vous réellement malade ?

DAMIEN.

Ouvrez cette fenêtre, le grand air vous fera du bien.

Spinette rentre épouvantée.
SPINETTE.

Monseigneur ! monseigneur ! un homme est là caché.

ANDRÉ.

Où ?

SPINETTE.

Là, dans l’appartement de ma maîtresse.

LIONEL.

Mort et furie ! voilà la suite de votre faiblesse, maître ; c’est le meurtrier de Grémio. Laissez-moi lui parler.

SPINETTE.

J’étais entrée sans lumière. Il m’a saisi la main, comme je passais entre les deux portes.

ANDRÉ.

Lionel, n’entre pas ; c’est moi que cela regarde.

LIONEL.

Quand vous devriez me bannir de chez vous, pour cette fois, je ne vous quitte pas. Entrons, Damien. (Il entre.)

ANDRÉ, courant à sa femme.

Est-ce lui, malheureuse, est-ce lui ?

LUCRÈCE.

Ô mon Dieu, prends pitié de moi. (Elle s’évanouit.)