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LES CAPRICES DE MARIANNE.

CŒLIO.

Assurément. — Pourquoi m’en défierais-je ?

CIUTA.

Tout-à-l’heure, en passant dans sa rue, je l’ai vu en conversation avec elle sous une tonnelle couverte.

CŒLIO.

Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? Il aura épié ses démarches et saisi un moment favorable pour lui parler de moi.

CIUTA.

J’entends qu’ils se parlaient amicalement et comme gens qui sont de bon accord ensemble.

CŒLIO.

En es-tu sûre, Ciuta ? Alors je suis le plus heureux des hommes ; il aura plaidé ma cause avec chaleur.

CIUTA.

Puisse le ciel vous favoriser ! (Elle sort.)

CŒLIO.

Ah ! que je fusse né dans le temps des tournois et des batailles ! Qu’il m’eût été permis de porter les couleurs de Marianne et de les teindre de mon sang ! Qu’on m’eût donné un rival à combattre, une armée entière à défier ! Que le sacrifice de ma vie eût pu lui être utile ! Je sais agir, mais je ne puis parler. Ma langue ne sert point mon cœur, et je mourrai sans m’être fait comprendre, comme un muet dans une prison. (Il sort.)



Scène III.


Chez Claudio.


CLAUDIO, MARIANNE.
CLAUDIO.

Pensez-vous que je sois un mannequin, et que je me promène sur la terre pour servir d’épouvantail aux oiseaux ?