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la circonférence où elles se prolongent dans le mur même et forment ainsi par leur réunion une charnière dont la force est en raison du nombre des couches, et par conséquent proportionnelle au poids de la porte. Cette charnière est élastique et ramène la porte avec d’autant plus de force qu’elle a été plus éloignée de sa position naturelle. Il en résulte que si l’araignée, qui se tient d’habitude en un point d’où elle peut entendre ce qui se passe au-dehors, est obligée de sortir précipitamment pour saisir quelque insecte qui passe, elle n’a pas besoin de perdre du temps à fermer sa maison pour en interdire à l’ennemi l’accès ou même la vue ; la porte se clôt d’elle-même.

On sent bien d’ailleurs que si la mygale a un certain intérêt à fermer, quand elle est absente, sa demeure de laquelle on ne peut rien emporter, il lui est plus important encore de pouvoir en défendre l’entrée lorsqu’elle y est renfermée. Nous avons vu que pour obtenir ce résultat, l’araignée maçonne oppose à l’effort qui tend à écarter le couvercle un effort en sens contraire, se tenant accrochée par les pattes d’une part à sa porte et de l’autre aux murailles de sa maison. C’est là un moyen très grossier, mais que nous trouvons de beaucoup perfectionné dans le cas de la pionnière, d’abord par un emploi plus avantageux des forces musculaires, puis par l’usage d’un appareil destiné à suppléer à leur insuffisance.

Dans la partie opposée à la charnière et précisément au point où nous placerions le verrou, parce que c’est le lieu où la résistance peut s’exercer avec le plus d’efficacité, la pionnière a ménagé un certain nombre de trous dans lesquels elle introduit les forts crochets de ses mandibules qui, une fois entrés, ne font que s’y fixer davantage par les efforts exercés du dehors et sans exiger de la part de l’assiégée aucune contraction musculaire. L’animal peut donc faire usage de toutes ses forces pour se cramponner des huit pattes dont il est pourvu à la tapisserie intérieure de sa maison.

DES COQUATRIS[1] ET DES COQUATRES.

Le mot de coquatris ou cocatrix, qui s’est conservé jusqu’à nos jours dans le nom d’une petite rue de la Cité, située entre la rue

  1. En espagnol cocatriz, en anglais cockatrice.