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poils, plumes, ergots, dents et cornes. Ainsi le développement des défenses dans les pachydermes, de la crinière dans le lion, annonce l’époque de la puberté. L’émasculation au contraire retient jusqu’à un certain point ces parties dans les conditions où elles se trouvent dans les femelles. Un soprano ne prend point de barbe ; un cerf soumis jeune à l’opération ne se pare point de cornes. Au contraire, une vieille femme prend quelquefois de la barbe, et des femelles de chevreuil, ainsi que l’a fait connaître Otto dans son anatomie pathologique, ont en vieillissant pris des cornes semblables à celles du mâle. Je dois la communication de ce fait à M. I. Geoffroy, et j’en ai trouvé un semblable dans l’ouvrage de Girault le Gallois (Giraldus cambrensis). Cet écrivain raconte dans son itinerarium Cambriœ, livre 2, chap. ier, que dans le pays de Galles, on tua de son temps une biche dont la tête portait la ramure d’un cerf de douze ans. Cette tête fut envoyée comme objet de curiosité au roi d’Angleterre Henri ii.

La stérilité produit chez les femelles des effets analogues à ceux de l’âge, c’est-à-dire qu’elle donne souvent à leur système épidermoïque quelque chose de celui du mâle, et pour ne parler ici que de l’espèce humaine, j’ai depuis long-temps remarqué la présence de poils au menton chez plus de la moitié des jeunes femmes qui s’affligeaient de n’avoir point d’enfans.


Roulin. D. M.