Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/591

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VOYAGE DANS L’INDE.[1]


Camp de Cursali, au sommet de la vallée de la Jumnah, sous ses sources, à 2615 mètres au-dessus de Calcutta. 15 mai 1830.


Il y a bien long-temps que je ne t’ai écrit, mon bon ami ; cependant je ne puis croire mon registre, qui, après — Chandernagor le 21 novembre 1829, une énorme lettre à Porphire, — se tient coi sur toi. Si réellement je ne t’ai point écrit depuis, j’ai si souvent pensé à toi, tu m’as fait si souvent compagnie dans ma solitude, que j’éprouve entièrement l’illusion d’avoir été le plus fidèle des correspondans. Ma dernière lettre à notre père, écrite à Delhi, a voyagé avec moi jusqu’à Kythul dans le pays des Sykes indépendans, au nord-ouest des possessions anglaises, jusqu’au 22 mars, jour auquel elle s’est acheminée vers Delhi, et de là vers Calcutta, commençant son long et aventureux voyage dans la giberne d’un cavalier syke, lancé en estafette tout exprès.

  1. Nous avons annoncé dans notre livraison du 1er mai, la mort de M. Victor Jacquemont, qui a succombé à Bombay, le 22 décembre 1832, à une maladie de foie dont il avait pris le germe dans le Radjputana. Ce jeune voyageur, qui explorait depuis plusieurs années les contrées les plus reculées de l’Inde, laisse, outre ses collections d’histoire naturelle, et d’importans manuscrits qui ne tarderont pas, dit-on, d’arriver en France, un grand nombre de lettres, dans lesquelles il adressait jour par jour à sa famille la relation de son voyage. C’est une de ces lettres (actuellement sous presse chez le libraire Fournier) que nous publions aujourd’hui. Nous donnerons dans nos prochaines livraisons des Lettres familières sur l’Inde d’un autre voyageur, M. Alfred Duvaucel, dont la fin a été plus malheureuse encore que celle de Victor Jacquemont.