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d’un refroidissement ultérieur, et sans que la partie déposée puisse acquérir une température supérieure à A. C’est ainsi que si l’on a de la vapeur d’eau à 120°, on sait qu’elle ne pourra se liquéfier que lorsque, par un refroidissement successif, elle sera arrivée à 100°, et que, quoiqu’il y ait de la chaleur produite par la liquéfaction, cette chaleur ne peut que maintenir à 100° l’eau déjà déposée, et jamais l’élever au-dessus.

Le premier dépôt, très probablement, ne sera formé que d’une seule substance, soit simple, soit composée ; car il est difficile d’admettre que deux substances différentes se liquéfient précisément au même degré de température.

Quand toute cette première sorte de substance, provenant d’une portion déterminée de l’espace, se sera réunie en une seule masse liquide (masse qui, en vertu de l’attraction mutuelle de toutes ses parties, prendra la forme d’une sphère, si elle n’a pas de rotation sur elle-même, et si elle en a, prendra la forme d’un sphéroïde aplati), il ne se formera plus de dépôt jusqu’à ce que, par la continuation du refroidissement, la masse soit descendue à la température B, qui est celle à laquelle une seconde substance gazeuse se liquéfie. Arrivée à ce point, la seconde substance se déposera sur le premier noyau, autour duquel elle formera une couche concentrique.

Ce dépôt se fera comme le premier, peu à peu, et sans que jamais la température de la surface puisse s’élever au-dessus du point B.

Il en sera de même pour les températures de moins en moins élevées, auxquelles se déposeront successivement les autres substances restées jusqu’alors à l’état de gaz.

Jusqu’à présent nous avons raisonné comme si les diverses substances déposées successivement n’exerçaient les unes sur les autres aucune réaction chimique. Dans ce cas, les parties centrales avaient bien, à la vérité, une température supérieure à celle des couches plus extérieures ; mais en vertu du refroidissement successif et de la différence entre les degrés de température où commence chaque dépôt, on ne voit pas qu’aucune couche puisse jamais reprendre une température assez élevée pour repasser en totalité ou en partie à l’état du fluide élastique, surtout si l’on songe à la pression produite par les couches qui se seraient déposées au-dessus d’elle. Il résulte de là que chaque couche, soit qu’elle se forme d’une substance simple ou d’une substance composée, devrait, dans notre hypothèse, rester homogène, séparée des autres par des lignes de niveau, sans mélanges et sans inégalités à la surface de contact. Tous les dépôts ayant été l’effet d’un refroidissement lent et gradué, les diverses substances seraient