Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

de ses divers rangs de cordes. J’ai dit qu’elle en a trois. Les deux rangs extérieurs sont montés à l’unisson, ce qui a probablement pour objet de produire des effets particuliers de doubles cordes. Le rang des cordes du milieu est celui des notes diésées et bémolisées. Cette disposition offre de grandes difficultés dans l’exécution. Cependant les harpistes gallois jouent sur cet instrument des passages compliqués dans des mouvemens rapides. Il est à remarquer qu’ils se servent de la main gauche pour le dessus, et de la droite pour la basse.

Le cruth est un instrument à archet qu’on croit avoir donné naissance aux différentes violes et au violon. Il a la forme d’un carré long, dont la partie inférieure forme le corps de l’instrument. Deux montans, placés aux côtés de la partie supérieure, se rattachent vers le haut avec un manche isolé dans le milieu. Cet instrument est monté de quatre cordes, et se joue comme le violon, mais avec plus de difficulté, parce qu’il n’a pas d’échancrure pour laisser passer l’archet.

Après avoir donné ces renseignemens sur les habitans du pays de Galles, sur leur poésie et sur leur musique, il me reste à parler de l’association qui a pour objet la conservation de cette poésie et de cette musique. Cette association porte le titre de Royal cambrian institution. Elle s’est formée, il y a treize ans, à l’imitation d’une ancienne assemblée, qui avait le même but et qui s’appelait le cymmodorion. En 1822, elle tint sa première séance publique sous le nom welche de Eisteddvod, qui signifie assemblée d’artistes, et y distribua des médailles à des auteurs de poésies galliques, à des musiciens et à des grammairiens welches. Depuis cette époque, un Eisteddvod a eu lieu chaque année, accompagné d’un concert de musique welche, et des médailles ont été distribuées à de nouveaux poètes ou à de nouveaux musiciens. Ce fut le 6 mai 1829 que j’assistai à l’une de ces séances annuelles ; elle m’offrit un ample sujet d’observations.

La harpe devait être l’instrument fondamental d’un pareil concert ; cependant, pour plus de variété, on y avait joint un orchestre complet. La séance commença par une ouverture à grand orchestre, composé d’airs welches originaux, remarquables par leur singularité. La Marche des hommes de Harluk, le petit air Cream