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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/165

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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

l’apprenne ! — L’orchestre ne connaît pas les mouvemens ! — Qu’il étudie ! — Mais le pourra-t-il, si vous vous en allez ? — Ce n’est pas mon affaire ; je vous répète que je sais mon rôle : c’est tout ce que vous pouvez exiger de moi.

Le soir, c’est autre chose : il faut faire le répertoire de la représentation suivante. Le directeur, qui paie chèrement ses artistes, se rend humblement à chaque loge, pour obtenir le spectacle qu’il désire. Ses abonnés lui demandent Otello, mais madame *** doit chanter à minuit chez je ne sais quel lord ; Desdemona la fatiguerait trop, elle ne veut jouer que dans la Cenerentola. Le directeur a beau dire que ce caprice lui fera manquer sa recette, la cantatrice est inexorable. Cependant son engagement porte qu’elle ne pourra refuser aucun rôle de son emploi, sous peine de 80,000 fr. de dédit. Le directeur peut former contre elle une demande en indemnité, et nul doute qu’il n’obtienne le verdict au bout d’un an que durera le procès. Mais du moment où l’instance sera introduite, l’engagement sera rompu ; la cantatrice cessera de paraître ; les souscripteurs, qui n’ont pris leurs loges que pour l’entendre, jetteront la pierre au directeur ; le spectacle sera désert ; le pauvre homme sera ruiné, et quand il gagnera son procès, la dame, qui aura causé sa ruine, sera à Naples ou à Madrid.

La multiplicité des représentations à bénéfice est une autre cause de la mauvaise exécution dont on est blessé à King’s theatre. Ces représentations, qui font partie du paiement accordé aux chanteurs, se suivent presque sans interruption les jeudis de chaque semaine. Pour chacune de ces représentations, il faut un opéra qui n’ait pas été représenté dans la saison ; de là la nécessité de borner les répétitions au nombre de deux ou trois pour chaque ouvrage. On peut imaginer facilement comment ils sont représentés après une semblable ébauche d’étude. C’est ainsi que j’ai vu l’un des plus beaux opéras de Mozart, le Mariage de Figaro, défiguré dans une représentation donnée au bénéfice de madame Malibran. Jamais je n’ai rien entendu de semblable. Personne ne savait ce qu’il devait chanter, et chacun semblait se donner plaisir à faire des fautes. Cependant mademoiselle Sontag chantait le rôle de la comtesse ; madame Malibran, celui de Suzanne ; Donzelli, le comte, et le pauvre Pellegrini, Figaro. Avec quelques bonnes répétitions de