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qui a fait le malheur d’un époux qu’elle a séduit par les artifices de la coquetterie la plus raffinée, meurt dans un accès de désespoir en apprenant qu’elle n’est que la fille d’un pauvre pêcheur ; la première s’unit à un jeune lord dont elle a fait naître l’amour par ses vertus. Cette sèche analyse ne peut faire connaître les détails pleins de vérité et de fraîcheur qui abondent dans ce livre. Signaler leur existence est tout ce que nous pouvons faire. Si nos infatigables traducteurs nous donnaient toujours des ouvrages de ce mérite, nous n’aurions pas à nous plaindre du fatras qu’ils n’ajoutent que trop souvent à celui dont nous sommes inondés.

Madame Eugénie Foa a déjà publié d’assez nombreux ouvrages ; mais nous ne savons par quelle fatalité aucun d’eux ne s’était encore trouvé sur notre chemin. Nous le regrettons depuis que nous avons lu dernièrement Rachel[1]. Ce livre est un recueil de contes en général un peu courts, mais dont chacun est un petit drame, quelquefois gai, le plus souvent tragique, toujours habilement tracé. La plupart roulent sur des sujets tirés des mœurs hébraïques, mine féconde trop négligée par nos auteurs dans cette époque de disette de cadres neufs. Tirtza et le Taché de sang nous paraissent les deux meilleurs dans ce genre. Le masque de poix a été fourni par un fait réel dont les journaux ont parlé, il y a quelques années : un misérable, voulant assassiner sa pupille pour s’emparer de ses biens, se trompe par un de ces hasards providentiels qui arrivent de temps à autre, et applique, sur le visage de sa fille endormie, un masque de poix destiné à sa victime. Nous ne connaissons rien d’une terreur plus vraie que ce récit, tel que l’a traité madame Eugénie Foa.

Nous sommes en retard avec le neuvième volume des Contes de toutes les couleurs[2], et nous en éprouvons presque un remords en relisant, pour la troisième fois, la charmante histoire de Michel Perrin, par madame de Bawr qui, à elle seule, vaut tout le reste du volume. Lisez cependant encore le Jettator de M. Roger de Beauvoir, et la double confidence par M. Émile Deschamps. Quant aux autres, ce serait un guet-apens de vous les recommander.

Madame Amable Tastu vous fera les honneurs du dixième volume ; commencez votre lecture par le Souhait. Passez de là au meilleur Médecin, par un anonyme qui se cache sous le nom de Tristan, mais que nous avons reconnu à certains effets de style. Nous serons discrets à son égard. M. Théo-

  1. Chez Henri Dupuy et Tenré.
  2. Chez Fournier jeune.