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INTRODUCTION À LA SCIENCE DE L’HISTOIRE.

pour ce qui concerne le spiritualisme et le panthéisme. C’est un des points les plus vagues et les plus obscurs de l’ouvrage ; le panthéisme est assimilé au matérialisme, injurié, accusé d’hypocrisie ; tout cela manque de vérité. Le panthéisme n’est pas le matérialisme, car il ne peut exister qu’à la condition d’un immense effort idéaliste ; Spinosa en témoigne. D’un autre côté, le spiritualisme d’une doctrine, qui fait de l’homme une partie hiérarchique de l’univers, n’est-il pas panthéiste ? Il nous paraît nécessaire que, soit en retouchant cet ouvrage, soit dans d’autres travaux, M. Buchez traite intégralement ce problème.

L’écrivain a parfaitement compris l’étroite union du physique et du moral dans la logique ; il a vu que la logique, avant d’être un art, était une loi, un fait naturel, à la fois physique et moral. Cette vue est un progrès sensible sur la psychologie abstraite. Mais par une préoccupation peut-être inévitable, M. Buchez a trop subordonné les faits intellectuels aux faits physiques ; nous espérons que les études ultérieures de l’anthropologie rétabliront l’équilibre et trouveront la loi.

En général et pour terminer nos critiques, M. Buchez voit beaucoup de choses, mais il les voit un peu confusément : il ne maîtrise pas assez les idées qui l’assiègent, et ne s’en montre pas assez le dominateur lumineux. Ainsi l’idée du sacrifice n’est pas nettement posée, et cependant revient souvent sous la plume de l’auteur, qui doit, sur plusieurs points importans, se procurer à lui-même l’évidence pour nous la communiquer.

Mais ce qui ressort du livre avec une récréante clarté, c’est le dévoûment profond de celui qui l’a écrit, à la cause de l’humanité. L’auteur s’est consacré à l’enseignement et à la défense de quelques vérités qui lui ont semblé fondamentales ; il a devant les yeux un avenir pacifique promis à l’humanité, l’association qui doit remplacer la guerre et la concurrence en affranchissant le travail de tout privilège, l’égalité naturelle des hommes qui ne reconnaît d’inégalités sociales que celles produites par le mérite, enfin une organisation politique qui reproduise les lois essentielles de l’organisation naturelle de l’homme. À de pareils efforts, à de pareilles idées nous ne saurions répondre que par un cri d’assenti-