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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/459

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MÉLANGES.

pêcher qu’il ne s’ennuyât. Ce cheval, comme tous les animaux de son espèce, aimait la compagnie, et on l’avait tellement gâté sur ce point, qu’il en était venu à ne pouvoir plus supporter la solitude. Soit peur, soit ennui, du moment où il se trouvait seul dans l’écurie, il éprouvait des accidens nerveux, un frisson, une sueur froide ; et cet accès, lorsqu’on ne l’arrêtait pas promptement, le fatiguait plus que n’eût pu faire une longue course. D’ordinaire, lorsque l’autre cheval était absent, on empruntait pour tenir compagnie au favori un des bœufs du fermier. Si cette ressource manquait, il fallait le distraire par la promenade. Or, justement la veille au soir, le second cheval était parti avec le domestique pour aller à la ville ; à la ferme, tout le monde était endormi ; à la maison, il n’y avait d’autre homme que le jardinier, qui devait se rendre de grand matin au marché. Madame L., qui n’était pas compatissante seulement pour les bêtes, n’avait pas voulu priver cet homme de son sommeil, et en conséquence elle avait employé une grande partie de la nuit à promener dans la cour son cheval hypocondriaque.

En parlant, dans un précédent article, des divers régimes artificiels auxquels on est obligé de soumettre les chevaux dans les pays pauvres de végétation, j’ai dit que ceux d’Islande pouvaient, sans inconvénient apparent, se nourrir, pendant des mois entiers, uniquement de poisson sec. Quoique ces animaux soient assez vigoureux et rendent de très bons services aux habitans de l’île, la petitesse de leur taille et la rudesse de leurs formes semblent indiquer une dégradation que l’on serait tenté d’attribuer à la diète contre nature imposée à leur race pendant une longue suite de générations. Ces effets, cependant, doivent être attribués bien moins aux alimens qu’au climat, puisque les chevaux de la plus belle race de l’univers reçoivent, pendant leurs premières années, une nourriture presque semblable. C’est ce que nous apprend un homme qui a eu, par sa position, de grandes facilités pour connaître tout ce qui est relatif à l’élève des chevaux en Arabie, M. Hamont, directeur de l’école vétérinaire d’Abou-Zabel. « Un point très intéressant de l’histoire du cheval, dit cet observateur, est le régime alimentaire auquel on le soumet dans les lieux de son origine. En Europe, le cheval est exclusivement nourri d’alimens tirés du règne végétal. En Syrie, dans le Kordofan, dans le Hedjaz, on lui donne du lait, du beurre, de la viande. Il est venu en Égypte des chevaux de quatre ou cinq ans qui ne connaissaient pas encore le goût de l’herbe. »

L’Arabie fournissant les plus beaux chevaux, on est porté à croire que ces animaux s’y trouvent en très grand nombre : on sera donc, sans doute, fort étonné d’apprendre qu’un voyageur instruit et qui a pris beaucoup