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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

qu’il soutenait ne flattait plus assez son ambition personnelle pour qu’il donnât beaucoup à la fortune ; néanmoins, dès le 9 octobre, sa cavalerie n’était plus qu’à huit lieues de la capitale ; et enfin, renforcé par un corps de deux mille hommes sous les ordres du général Valentea, il commença vers le 15 ce qu’on appela le blocus de la cité de Mexico. Quelles que soient les raisons qui ralentirent sa marche, ce retard sembla funeste à sa cause ; le gouvernement eut le temps de rallier ses forces, toutes les troupes éparses aux environs furent réunies dans la ville ; et la garnison, qui n’était d’abord que de deux mille hommes, se trouva bientôt dépasser quatre mille hommes : on expédia au plus vite des courriers à Bustamente et à Bravo, pour les appeler au secours de la capitale. Malgré cela, les craintes des habitans, assoupies pendant quelque temps, se renouvelèrent à l’apparition des troupes de Santa Anna ; le commerce resta anéanti, un grand nombre de marchands cachèrent et enfouirent leurs marchandises et leurs trésors, presque tous les magasins furent fermés, plusieurs habitans se retirèrent à la campagne, le change du papier tomba jusqu’à 39, et l’on négocia bon nombre de billets à ce taux, tant l’argent était devenu rare. Au milieu du désordre que causa cette agitation générale, on fut obligé de proclamer la loi martiale. Quel blocus cependant !… qu’on se figure l’immense ville de Mexico, située sur le bord d’un lac, au fond d’un vaste vallon, l’aboutissant de plusieurs grandes routes, défendue par une garnison d’environ cinq mille hommes, tremblant et gémissant de se voir bloquée par un corps de huit à neuf mille hommes ! Et pourtant les habitans souffrirent beaucoup ; car, outre la cherté des vivres, ils étaient encore privés d’eau, Santa-Anna ayant arrêté un aqueduc qui alimente d’eau presque toute la ville.

À la nouvelle des progrès de Santa-Anna, Bustamente avait réuni ses forces, et s’était remis en marche vers Mexico ; il comptait toujours environ quatre mille hommes sous ses ordres, et il pouvait se fier à ses soldats ; car, enorgueillis de leur victoire sur Moctezuma, ils se croyaient invincibles : tel est le caractère mexicain ; le moindre succès l’élève, le moindre revers l’abat.

Dès le 5 novembre, son armée était campée à Zula, à 15 lieues de la capitale.

Santa-Anna, effrayé de l’approche de Bustamente, avait fait une