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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

PREMIER ALLOBROGE.

Pères conscripts, les conjurés nous ont fait l’injure de compter sur notre misère, et de nous promettre ce que seuls vous pouvez nous donner, l’abolition de nos dettes. Voici donc le plan de la conspiration, tracé de la main même d’un des conjurés, signé de Curius.

CICÉRON.

Curius, vous l’entendez.

CÉSAR.

Nous finirons par te croire, consul.

CICÉRON.

Je demande de plus que Catilina soit exclu du sénat.


Scène XIV.


Les Mêmes, CATILINA, LENTULUS, VARGUNTEIUS et les autres.
LES SÉNATEURS.

Catilina ! ah ! ah ! (Grand mouvement.) Catilina et les siens prennent place en silence ; leurs voisins s’éloignent d’eux.

Cicéron se lève pour parler.
LES SÉNATEURS.

Écoutons le consul ! écoutons !

CICÉRON.

Notre patience est à bout, Catilina. Quoi ! la garde qui se fait sur le mont Palatin et dans toute la ville, les alarmes du peuple, le concours des bons citoyens, la vigilance active du sénat, rien de tout cela ne t’avertit que tes projets sont découverts ! Penses-tu que personne de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et l’autre nuit encore ? où tu t’es trouvé ? quels hommes tu as vus ? quelles mesures tu as prises ? Ô temps ! ô mœurs !

CATILINA.

Tu avais besoin de parler aujourd’hui, consul ! Vous savez où tend toute cette déclamation, pères conscripts ; mais n’allez pas ajouter foi à de vaines paroles contre moi. Toujours plus rhéteur que consul, Tullius Cicéron se cramponne à toutes les occasions d’éloquence ! Ne pensez pas que moi, patricien dont les ancêtres ont rendu de si grands services au peuple romain, j’aie