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besoin, pour m’élever, de fouler aux pieds la république, tandis que Tullius Cicéron, l’indigène d’Arpinum, cet intrus dans la cité, en serait l’appui ! Silence donc, phraseur ! silence, mauvais prophète ! ailleurs qu’au sénat tout ce bavardage ! Tu veux m’appliquer la loi Plautia contre la brigue, tu m’accuses de conspirer ! Ah ! si c’est un crime de prendre en pitié la misère des plébéiens, si c’est briguer que de défendre leur cause contre l’usure, si c’est conspirer que de demander leur soulagement, oui, je suis coupable ; oui, je brigue ; oui, je conspire.

CICÉRON.

Toi et les tiens, vous ne devez attendre aucun soulagement. Tu demandes l’abolition des dettes ; tu demandes de nouvelles tables ; oui, j’en afficherai des tables, mais de vente.

CATILINA.

Vous tous, alors, qui l’entendez, vous conspirez contre la république ! vous voulez sa perte ! car vous, riches, vous êtes inexorables aux cris de détresse ; et pourtant, lorsque tout est d’un côté et rien de l’autre, vous savez bien qu’il n’y a plus d’équilibre.

LES SÉNATEURS.

Hors d’ici, l’impie ! hors d’ici, le parricide !

CATILINA, se levant.

Vous allumez un incendie contre moi, hé bien ! je l’étoufferai sous des ruines !

LES SÉNATEURS.

Ah ! ah ! (Catilina et les siens sortent avec des gestes menaçans.)


Scène XV.


Les Mêmes, excepté CATILINA et les siens.
CICÉRON.

Vous l’avez dit, sénateurs ! impie ! sacrilège ! parricide ! Il est venu lui-même effrontément nous déclarer la guerre, marquer du doigt ses victimes ! Que la guerre se fasse donc, et que Catilina et Manlius soient déclarés ennemis de la patrie.

LES SÉNATEURS.

Oui ! oui ! ennemis de la patrie !

CICÉRON.

Cette nuit même, à l’heure où ils se rassemblent, je propose donc