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REVUE DES DEUX MONDES.

fille qu’ils ont bercée et fait danser dans leurs bras ! — Qui ne sentirait son cœur se briser à la vue d’une pareille douleur ?

Et pourtant il faut que ces pleurs tarissent ! — Père tendre, ta fille est là, regarde, à genoux, les bras tendus… Pauvre mère, avance tes mains — Une prière et une bénédiction pour l’enfant qui va partir !

LE PÈRE ET LA MÈRE.

Oui, oui, oui.

La jeune fille se jette dans les bras de ses parens qui la couvrent de larmes et de caresses.
LE DEMANDEUR.

Assez, maintenant. Vous avez obéi aux commandemens de Dieu. — Jeune fille, embrasse tes parens, et relève-toi forte, car tu appartiens désormais à un homme !

Et avant d’achever, je demanderai aux chefs de famille, ici présens, un congé pour les frères et les sœurs des mariés, afin qu’ils puissent danser aussi à la noce. Je prie les parrains et les marraines qui se sont engagés sur les fonds de baptême pour ces deux jeunes gens, d’approuver leur union et d’assister à leur mariage. J’invite enfin tous ceux qui sont ici présens. (Il se découvre.)

Quant à ceux qui sont morts et qui nous étaient unis par le sang, je ne les inviterai pas ; car leurs noms prononcés ici meurtriraient trop de cœurs mais que chacun se découvre comme moi et demande pour eux le salut de l’église et le repos de leurs âmes.

DE PROFONDIS CLAMAVI, ETC.
Tous les assistans murmurent à demi-voix cette hymne que le demandeur répète tout haut.


§. iv.
Repas de noces. — Chants des mariés. — Première nuit. — Usages. — Croyances.


Dès que les cérémonies dont nous venons de rendre compte sont terminées, les fiancés se rendent à la mairie, puis à l’église. Vient ensuite le repas de noces, auquel assistent quelquefois six ou huit cents convives. Véritable orgie, — non pas mesquine et parfumée comme celle d’un gourmet de Paris ; luttant entre un verre de Champagne, et un pâté de Périgord — mais orgie à la manière d’Homère, où l’on voit d’un côté un estomac d’homme colosse et de l’autre un bœuf et une barique de vin !

Les nouveaux époux gardent seuls pendant tout le repas une attitude sérieuse et méditative. Tous deux semblent jeter un long regard sur la vie