au fond de la bassine la bouillie dont on nourrit les enfans[1] ? Ces lèvres épanouies ne se sont-elles pas rougies aux baisers d’un homme, et n’y a-t-il pas dans ces yeux une flamme qui annonce la femme initiée à l’amour ?
Rien ne vous échappe.
Dites alors, est-ce celle-ci que vous cherchez ?
Voilà ce qu’était, il y a huit ans, celle que je désire. Un jour cette belle enfant fera le bonheur d’un mari ; mais elle doit rester encore long-temps sur l’espalier ; l’autre n’attend qu’une corbeille pour être transportée sur la table du festin nuptial.
C’est assez. — Vous méritez d’obtenir ce que vous demandez.
Voici la jeune fille que vous avez choisie… — Approchez, jeune homme. — Vos mains, enfans ! et n’oubliez pas qu’elles doivent rester unies jusqu’à ce qu’une troisième main, celle de la mort, vienne les séparer. — Homme, tu as maintenant une femme à défendre et à rendre heureuse. Fais qu’on ne la voie jamais pleurer à la porte de ta maison comme une étrangère, car Dieu venge ceux qui sont faibles et qui pleurent !
Salut à cette maison et à ceux qui y dorment, chaque soir, sous la main de Dieu ! — Depuis l’instant où j’étais tout petit, porté sur le bras de ma mère, j’ai toujours désiré entrer dans un palais… — Enfin, aujourd’hui, mes vœux sont satisfaits, puisque j’ai mis le pied dans cette demeure qu’habite la reine de la beauté. — Ici sont deux êtres qui s’aiment et veulent s’unir.
Oh ! Christ, source de toute science et de toute parole, inspire-moi dans ce que je vais leur dire !
Allons, jeune fille, courbez vos deux genoux et baissez votre front sous les mains bénissantes de votre père. — Vous pleurez ? — Oh ! regardez votre père et votre pauvre mère !… Eux ils pleurent aussi, mais combien leurs larmes sont plus amères que les vôtres !… Ils vont se séparer de la
- ↑ Les femmes bretonnes donnent à manger aux enfans à la mamelle avec leur doigt qu’elles frottent pour cela de bouillie.