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REVUE DES DEUX MONDES.

Lucifer, et quand j’ouvris les yeux, l’aspect des brasiers, des rochers, des broches et des chaudières, me fit d’autant mieux croire que j’étais en enfer, que je souffrais comme un damné. Je réveillai mes diables à coups de baguette, et nous sortîmes de ce sépulcre, pour retourner clopin-clopant au logis où il n’était question que de notre enlèvement par les génies de la caverne de Boubonne. Il était midi quand je retrouvai mon bazarra tant désiré. J’ai passé vingt-quatre heures dans mon lit, sans pouvoir retrouver la moitié de mes forces. Je t’écris encore tout saignant de la morsure de ces cruelles sangsues, trop heureux si j’en suis quitte pour la perte de mon sang et quelques meurtrissures. Ce pénible voyage ne m’a rien procuré en minéralogie, quoique ce fût son principal objet ; mais si la caverne du diable est peu digne d’attirer l’attention des géologues, elle intéressera les zoologistes comme m’ayant offert diverses espèces d’animaux nouveaux. Elle m’aura aussi fourni le sujet d’une longue lettre pour ma sœur, mon aimable correspondant. La marquise de Hastings aura également son petit récit ; et, tout considéré, je me consolerai de ma peine, si je n’en meurs pas.


Alfred Duvaucel.