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mençât immédiatement les préparatifs des funciones reales, des fêtes royales, qui, selon l’ancienne coutume, devaient indispensablement accompagner cette solennité.

C’était à la Plaza-Mayor où ont lieu, en de pareilles occasions, les courses de taureaux, — les plus essentielles et les plus magnifiques de ces fêtes, — qu’il y avait surtout de grands travaux à exécuter. Ils furent entrepris, poussés et accomplis avec une activité et une ardeur qui ne sont guère d’habitude dans les Castilles, surtout lorsqu’il s’y agit de constructions publiques.

La Plaza-Mayor, qui forme un vaste parallélogramme ayant quatre cent quatre pieds de longueur sur trois cent deux de largeur, se trouvait ouverte à son angle oriental par tout l’espace qu’avait laissé vide la chute des deux vieilles maisons qui s’y étaient écroulées en 1819. L’une d’elles, qu’on rebâtissait depuis cette époque, se serait achevée, — Dieu sait sous quel règne ! — elle se termina en quelques jours et comme par miracle ; l’autre, dont on n’avait pas encore posé même la première pierre, se fabriqua aussi rapidement en bois et en toile, ainsi qu’une troisième qui ferma la rue de los Boteros.

Tandis que se complétaient ainsi les quatre façades de la place, en avant de ses galeries s’élevait à la fois sur tous les points l’immense amphithéâtre du tendido[1]. Les deux toriles s’étendaient dans la rue du Sol et dans la rue Impériale.

On posait la barrière, — cette dernière ceinture du cirque. On labourait le sol pour le niveler. De paisibles bœufs y traînaient insoucieusement la charrue, préparant l’arène où devait couler le sang de tant de leurs frères. À peine placés, les gradins se couvraient de peintres et de serruriers. Chaque planche était peinte aussitôt que clouée et rabotée. On travaillait sans interruption, sans relâche, — le jour au grand soleil, — la nuit à la lumière des torches. On travaillait les dimanches même !

Les dimanches ! — Cela ne s’était jamais fait !

On ne respectait rien non plus de ce qui pouvait gêner le moins du monde l’abord et les embellissemens de la place. — Ainsi, dans

  1. On peut voir l’explication de tous ces mots techniques dans la Course de taureaux, imprimé dans la Revue du 1er novembre 1831.