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DE LA CHINE.

toujours opéré d’orient en occident ; les opinions néo-platoniciennes sont particulièrement empreintes des influences orientales. Ce qui fait leur caractère propre, c’est précisément le mélange des idées de la Grèce et des religions de l’Orient. Rien donc ne s’explique mieux que la ressemblance de doctrines qui se trouvent dans l’Orient, avec des doctrines qui en sont sorties.

Mais il ne faut pas faire remonter le courant vers sa source, il ne faut pas faire rétrograder le soleil.

Un rapprochement que tout annonce être fortuit entre le nom de la triade de Lao-Tseu et le Jehovah des Hébreux, avait achevé, on peut le dire, d’égarer M. Rémusat ; le dieu de Moïse n’a rien à démêler avec ces systèmes, qui, par leur essence, lui sont entièrement étrangers. — Et j’aimerais encore mieux faire voyager Lao-Tseu jusqu’en Italie, s’il le fallait, pour écouter Pythagore, que d’admettre aucune participation des Juifs, avant ou après la captivité, dans un système que le peu que nous en connaissons nous montre si différent de toutes leurs idées.

Jusqu’ici nous n’avons eu à citer aucun travail bien remarquable de M. Rémusat, touchant l’histoire philosophique et religieuse de la Chine ; c’est pourtant à un point de cette histoire que se rapportaient ses études les plus chères et ses travaux les plus intéressans. On voit que je veux parler de ses recherches sur le bouddhisme, que dans le cours de ce travail j’ai eu souvent l’occasion d’annoncer, et auxquelles nous arrivons, après tout le reste, comme au terme le plus élevé de la carrière scientifique de M. Rémusat, terme qu’il est sans doute loin d’avoir atteint, mais vers lequel il a fait quelques pas immortels ; car là il s’agit d’un des épisodes les plus importans et les plus ignorés de l’histoire de la civilisation. — Et s’il n’a pas eu le temps de l’embrasser dans son ensemble, il lui restera le mérite et l’honneur d’en avoir saisi quelques parties entièrement inconnues. Malheureux capitaine, il est tombé au pied du rempart qu’il commençait à gravir ; mais il avait montré du doigt le point par où il fallait attaquer la forteresse, et quand de plus heureux soldats l’auront emportée, ils devront, pour être justes, y graver son nom avant le leur.

Qu’est-ce donc que cette religion de Bouddha ? Quel a été son rôle dans l’histoire du monde ? Je tirerai ma réponse sommaire à