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FÊTES DE LA JURA.

baiser. — Un chulo, d’un coup d’épée, dont il lui perça par pitié le cœur, mit fin à l’agonie de la pauvre bête.

L’excitation légère que ce cruel combat avait produite, une fois apaisée, le tendido était redevenu distrait. — L’amphithéâtre n’avait plus la fièvre. — Pour le réveiller de sa torpeur, il fallait quelque grand spectacle inaccoutumé.

Le roi Ferdinand vii a toujours passé pour l’homme de son royaume qui s’entendît le mieux à diriger une course de taureaux. Il sentit bien quel était le besoin du peuple. — Il fit un signe qui ordonna la division de la place.

À cet ordre, de bruyantes acclamations de joie et de reconnaissance éclatèrent par tout le cirque.

Le détachement des alguazils sortit de l’arène, et, en moins de dix minutes, les charpentiers, qui y entrèrent aussitôt, apportant des pièces de bois et des planches préparées d’avance, l’eurent séparée en deux parties égales par une barrière à hauteur d’appui, qui la traversa dans toute sa largeur.

L’armée des toreros se divisa également en deux corps, qui prirent chacun possession de l’une des deux places. — Enfin, deux courses recommencèrent simultanément ; il y eut deux batailles à la fois, à l’inexprimable allégresse des aficionados, qui se consolèrent de la mauvaise qualité des taureaux par leur quantité.

Cela dura encore jusqu’à la nuit, selon l’usage ; mais à la nuit, ce fut bien fini. — Le cirque de la Plaza Mayor avait achevé ses représentations. Ce théâtre, construit à si grands frais pendant deux mois et qui avait servi trois jours, devait être démoli dès le lendemain. — Il ne restait point d’ailleurs de victimes aux sacrificateurs. De près de cent vingt taureaux qui avaient été rassemblés pour les fêtes royales, à peine en survivait-il quelques-uns. — L’hécatombe était complète.

vii.
LA NUIT DE LA SAINT-JEAN.


Il était près de minuit. — D’où venait que les rues de Madrid, où l’on ne rencontre plus d’ordinaire à cette heure que les serenos.