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contrebalancer l’action de la pesanteur qui tend à faire écouler le liquide. » J’ai vu, dit M. Finlayson dans son voyage à Siam, une plante de cette espèce qui, ayant été coupée par accident, rendit, dans l’espace d’une demi-heure, une eau pure, limpide et sans saveur, en quantité suffisante pour remplir un verre ordinaire.

On voit que l’absence d’une section supérieure rendait l’écoulement lent, tandis que, dans les autres cas cités, il était d’une extrême rapidité.

Suivant Dalrymple, il y a dans l’île de Borneo une plante rampante, nommée Bahanoumpoul, qui donne une eau claire et bonne, quoique un peu gommeuse ; il faut, dit-il, la couper hors de terre, sans quoi l’eau se retire. On en trouve au sommet des collines entortillées aux plus hautes branches des arbres, d’où elles pendent en bas. Il y en de plus grosses que la jambe d’un homme : elles ont une écorce très rouge avec de profondes ciselures. »

Outre les lianes, il y a encore dans les régions tropicales d’autres plantes qui donnent de l’eau ; telle est, au rapport du père Labat, celle qu’on nomme aux Antilles balisier, et qui n’est pas le balisier des naturalistes, mais l’heliconia bihai. Il suffit d’entamer la tige à la naissance des feuilles pour en obtenir une eau très bonne à boire.

Une plante très voisine des heliconias par les caractères botaniques comme par l’aspect, mais qui en diffère principalement en ce qu’elle a une tige ligneuse, le ravenale de Madagascar, donne également une eau abondante et très bonne à boire, quand on le perce au même endroit. C’est ce qu’atteste du moins Fressange, qui avait séjourné assez long-temps dans cette île.

Tous les végétaux dont nous avons parlé jusqu’ici donnent une eau comparable à l’eau de fontaine. Quelques-uns, tels que certains palmiers, l’érable américain, etc., donnent un liquide sucré, qu’on peut convertir par la fermentation en une sorte de vin, ou par une prompte ébullition, en sirop et en cassonade. Nous aurons une autre fois l’occasion d’en parler.


Roulin.