taine ; il incendia les villages, détruisit les récoltes, et pilla tout ce qui pouvait s’emporter[1].
La nouvelle de ces brigandages parvint à Sighebert en même temps que celle de la coalition formée contre lui. Il avait pardonné à Hilperik, et résisté aux sollicitations de sa femme, qui ne voulait ni paix ni trêve avec le meurtrier de Galesvinthe ; son indignation fut celle d’un homme simple de cœur et fougueux de caractère, qui découvre qu’on s’est joué de sa bonne foi. Il éclata en invectives et en imprécations. Mais cette colère bouillante, espèce de fièvre dont l’accès pouvait se calmer de nouveau par la soumission de l’ennemi, était trop peu sûre pour contenter Brunehilde. Elle déploya tout ce qu’elle avait d’influence sur son mari pour lui insinuer dans l’âme un désir de vengeance plus réfléchi, et diriger tous ses ressentiments vers un but unique, le fratricide. En finir avec l’assassin, tel était le cri de la sœur de Galesvinthe, et Sighebert l’écouta cette fois. Ce fut avec la pensée d’un duel à mort qu’il proclama de nouveau son ban de guerre contre Hilperik, parmi les Franks orientaux et les peuples d’outre Rhin[2].
Pour exciter ces gens si peu traitables à se battre en déterminés, le roi d’Austrasie leur promit tout ; de l’argent, le pillage, et jusqu’à des terres et des villes dans la Gaule. Il marcha directement vers l’ouest au secours de la province rémoise ; ce qui le dispensa de s’inquiéter de la manière dont il passerait la Seine. À son approche, Hilperik, évitant le combat comme dans la campagne précédente, fit sa retraite en longeant le cours de la Marne, et alla vers la Seine Inférieure chercher une position favorable. Sighebert le poursuivit jusque sous les murs de Paris, mais il s’arrêta là, tenté par l’idée d’occuper cette ville qu’on regardait alors comme très forte, d’en faire sa place d’armes, et au besoin une place de refuge. Quelque prudente que fût cette idée, le roi d’Austrasie, en y obéissant, fit un
- ↑ Quod cùm fuisset factum, seque vidissent, ac muneribus honorassent, commoto Chilpericus exercitu, usque Rhenis accessit, cuncta incendens atque debellans. Greg. Turon., lib. IV, pag. 229.
- ↑ Quod audiens Sigibertus, iterùm convocatis gentibus illis, quarum supra memoriam fecimus… contra fratrem suum ire disponit. Greg. Turon., lib. IV, pag. 229.