finie au troisième acte par la condamnation de Fazio, Milman est obligé de soutenir pendant deux mortels actes l’intérêt près d’expirer ; et quoiqu’il y ait là plus d’un passage rempli de passion, les spectateurs s’aperçoivent qu’ils ne restent que pour assister à un dénouement qu’ils prévoient. Le personnage de Fazio est original : c’est un adepte en alchimie, auquel il ne manque plus pour être riche que la découverte de la pierre philosophale ; à minuit, un riche avare, son voisin, entre, mortellement blessé, dans son laboratoire, pour lui demander des secours ; Fazio ne peut résister à la tentation d’enterrer secrètement l’avare et de s’emparer de ses richesses. Un crime conduit à un autre : malgré la beauté et l’amour de sa femme, il se prend de passion pour une autre femme, aussi vaine que belle ; et, dans un moment de fureur, Bianca, pour arracher son époux à sa rivale, découvre au sénat le sort de l’avare et de ses trésors. Elle s’aperçoit trop tard qu’elle a été trop loin ; Fazio est condamné comme voleur et assassin, et Bianca, après avoir fatigué le ciel et la terre de ses supplications, refuse de lui survivre et meurt. Bianca est un personnage bien conçu et bien développé ; la résignation calme de Fazio, qui, près de mourir, ne s’occupe que du sort de ses enfans, est d’un bel effet. Le style de l’ouvrage est trop élevé pour la scène, et en dehors du langage que tiendraient les personnages, s’ils existaient. Le génie de Milman manque de force dramatique, mais il est fertile en combinaisons et heureux dans les incidens qu’il invente.
La douceur, la sensibilité et l’élégance facile de Procter lui assurent de plus beaux succès à la lecture qu’à la scène. Il aime à développer de tendres sentimens, à peindre l’amour, plus fort que la mort dans le cœur d’une femme, et, quoiqu’il ne manque pas de force, il s’éloigne du génie sévère de nos anciens auteurs. Il a moins de cette vigueur passionnée qui réveille les loges et fait trépigner le parterre. Sa Mirandola fut reçue favorablement ; mais, malgré toutes ses qualités, elle appartient plutôt à la poésie qu’au drame.
Croly a le sentiment de l’absurde et du ridicule ; plusieurs de ses pièces satiriques sont traitées avec beaucoup de bonheur. Sa comédie de l’Orgueil sera abaissé (Pride shall have a fall) est pleine d’intérêt et de comique. On pensait que le mérite de cette pièce, et le succès qu’elle avait obtenu, engageraient l’auteur à en composer d’autres ; mais il a embrassé l’état ecclésiastique, et abandonné sans doute la carrière à des esprits plus mondains.
Rienzi est la meilleure des pièces de miss Mitford. Les passages qui font le plus d’impression sont ceux où le tribun exprime l’amour de la