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LE MARQUIS DE SANTILLANE.

Sanabria. Après ces poètes vinrent Vasco Perez de Camoës, Fernand Casquicio et Macias, ce célèbre amoureux, dont on ne retrouve plus que quatre pièces, mais pleines d’amour et de belles pensées.

« Dans notre royaume de Castille, Alphonse-le-Savant réussit dans la poésie vulgaire, et j’ai vu des personnes qui avaient lu ses œuvres ; on dit aussi qu’il versifiait supérieurement en langue latine. Vinrent ensuite Jean de la Cerda et Gonzalez de Mendoza, mon aïeul, auteur de bonnes poésies, entre autres de stances aux religieuses de la Zaydia, lorsque le roi don Pedro assiégeait Valence, commençant par ces mots : Sur les bords d’une rivière[1]. Il fit usage d’une sorte de chants scéniques, comme imités de Plaute et de Térence. En même temps vécut un Juif, nommé Rabi Santo, qui écrivit, entre autres très bonnes choses, des Proverbes moraux vraiment assez recommandables. Le titre de grand troubadour m’excuse de l’avoir compté parmi tant de nobles personnages ; car, comme il dit lui-même, « l’autour, pour naître dans un nid obscur, n’en vaut pas moins ; et les bons exemples ne perdent pas à être cités par un Juif[2]. » Alphonse Gonzalès de Castro, né ici à Guadalajara[3], réussit assez bien dans la poésie castillane. Après eux parurent, au temps du roi Jean Ier, l’archidiacre de Toro et Garci-Fernandez de Gerena. Depuis le règne de Henri iii, de glorieuse mémoire, père du roi notre maître, jusqu’à nos jours, cette science commença à s’élever davantage et à se parer avec plus d’élégance ; il y eut des hommes très savans dans cet art, particulièrement Alphonse Alvarez de Illescas, célèbre troubadour, dont on pourrait répéter ce qu’un grand historien a dit à la louange d’Ovide, que toutes les paroles qui lui venaient à la bouche étaient des

  1. Santillane cite le premier vers des stances de son aïeul :

    A las riberas de un rio.
  2. Nin vale et Azor menos
    Porque en vil nido siga,
    Nin los ejemplos buenos
    Porque Judio los diga
    .

  3. Où l’auteur écrivait cette préface.