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LITTÉRATURE ANGLAISE.

que, de séparer les élémens constitutifs dont se compose l’histoire d’un peuple, de nous donner à part ses souvenirs guerriers, ses annales littéraires, ses souvenirs constitutionnels. Cet immense tissu ne veut pas être détruit ni parfilé ; tout se mêle, tout se confond dans l’existence des nations comme dans celle de l’homme. En Écosse, les lueurs de l’incendie se mêlaient aux premiers éclairs de la liberté naissante. En Angleterre, elle avait déjà fait des progrès, et versait plus de chaleur et de clarté quand le triste échafaud de Charles Ier se dressa. Crimes, vices, vertus, arts, sciences, littérature, progrès politiques, conquêtes et défaites, tout s’amalgame : donner l’histoire isolée d’un seul de ces élémens, c’est faire l’anatomie de la main gauche, en négligeant celle de la main droite. Nous n’avons pas encore d’histoire d’Angleterre. Tel nous donne un roman pittoresque, tel autre une investigation savante ; ce troisième un pamphlet politique. Quel est l’écrivain assez fort pour peindre et pour réfléchir à la fois, pour être érudit et narrateur ? qui entreprendra cette grande œuvre ?


Je ne puis m’empêcher de classer parmi les historiens Isaac d’Israéli. C’est un des hommes les plus instruits, les plus aimables et les plus spirituels de notre époque. La plupart de ses ouvrages sont anecdotiques, singulièrement amusans et faits pour jeter de la lumière sur les mœurs et le caractère des hommes de lettres en général et de nos écrivains en particulier. Il aime à dérouler de vieux parchemins moisis, à déchiffrer une note au crayon sur la marge d’un livre : avec ces matériaux il fait des œuvres qu’on lit avec le même plaisir qu’un roman. Quiconque écrira l’histoire de la poésie anglaise ne pourra s’empêcher d’avoir recours à ces anecdotes.

Rien de plus intéressant que ses Commentaires sur la vie de Charles Ier. On lui reproche d’avoir traité avec trop de modération le malheureux roi dont il parle ; mais je ne suis pas un de ceux qui attribuent tous les crimes au monarque décapité par Cromwell. Je pense, comme les presbytériens de cette époque, que la mort et même la déposition de Charles Ier étaient inutiles et même dangereuses ; qu’il suffisait d’établir une constitution forte et libérale en Angleterre, sans répandre le sang royal. Les cavaliers et les indépendans n’étaient pas de cet avis.

On dit que M. d’Israéli s’occupe d’une histoire complète de la littérature anglaise : personne n’est plus capable que lui d’élever ce monument national qui nous manque.

BIOGRAPHIES

Nous retrouverons dans ce chapitre les écrivains dont les noms se sont offerts à nous dans les chapitres précédens. Depuis l’époque où Samuel