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sa commission, et annonça tout de suite que, pour lui, il était prêt à réduire son budget. Il ajouta que toutes les dépenses se centralisant dans le ministère des finances, M. Humann allait prendre la parole.

On sait ce qui se passa dans cette séance, où M. Humann inventa une division qui deviendra fameuse, celle des dépenses gouvernementales et des dépenses administratives. Quant aux premières, les ministres en font un noli me tangere. Tout est perdu si on les réduit, car les ministres se retirent ; ils abandonneront alors la France à sa triste destinée. Hélas ! que deviendra la France sans M. Thiers ?

Quant aux dépenses administratives, il est possible de les diminuer un peu ; M. Thiers consentira tout de même à diriger le char de l’état. M. Thiers est vraiment bien honnête.

Ainsi, pour bien établir cette distinction, importante à faire, puisqu’un malentendu nous coûterait nos ministres, le ministère déclare qu’il lui faut les crédits nécessaires pour maintenir 310,000 hommes sous les armes. Tout ce que l’armée compte de soldats au-delà de ce nombre fait partie des dépenses administratives. Il y aura désormais dans les régimens des soldats gouvernementaux et des soldats administratifs. Si vous licenciez les premiers, le ministère s’en va avec eux. Quant aux soldats administratifs, il n’y tient pas, il n’en a que faire. Notez que la France compte en ce moment 60,000 soldats administratifs, que le ministère comptait du moins ce nombre de soldats dans son budget, et que sans une seule réclamation, avant que la commission ait rien demandé, le ministère les abandonne. Il en est ainsi dans chaque département ministériel, où l’on agit envers la chambre comme les boutiquiers avec les pratiques qui ont coutume de marchander. On surfait tout pour avoir la faculté de diminuer. Nos ministres, on le voit, s’entendent comme larrons en foire, qu’on nous passe la comparaison.

Enfin, comme résultat, M. Humann posa de la sorte les réductions auxquelles consent le ministre de la guerre.


Il demandait pour l’armée active 
246,863,000
Pour la réserve 
10,586,000
Ensemble 
257,449,000
On abandonne la réserve, et l’on réduit la dépense de l’armée active à 
250,450,000
Différence en moins 
26,999,000


Toute réduction réclamée au-delà de cette somme porterait sur les dépenses gouvernementales, et le ministère a déclaré à l’unanimité devant la commission qu’il remettrait ses portefeuilles plutôt que d’y souscrire.