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REVUE. — CHRONIQUE.

celui-ci, homme d’esprit, a soutenu que ce n’était qu’un bal administratif, et qu’il pouvait garder sa place.

Il faut emprunter les paroles de Mme de Sévigné, pour parler comme elle le mérite, de la chose la plus étonnante, la plus merveilleuse, la plus surprenante, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus digne d’envie, enfin pour annoncer ce qui s’est passé au dernier bal de Mme Appony. Une descendante de Sully, de Sobieski, une Lagrange, une d’Arquien, Mlle de Béthune en un mot, a walsé avec M. le duc d’Orléans ! Le faubourg Saint-Germain en a pris le deuil.

Une autre nouvelle importante, c’est que Mme Thiers, qui avait éclipsé à la cour de juillet Mme Lehon, laquelle avait effacé Mme Vatry, vient d’être anéantie, ruinée, perdue à son tour, après un règne de moins d’un mois, par la belle Mme de Si..y, femme du député de ce nom. Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorans de leurs destinées ! dirait Bossuet.

Il nous reste à parler d’un triste événement. M. Dulong, membre de la chambre des députés, a été tué en duel par le général Bugeaud, qu’il avait interpellé dans une discussion. Les témoins étaient, pour M. Bugeaud, le général de Rumigny et le colonel Lamy, et pour M. Dulong, M. George Lafayette et le colonel Bacot. M. Bugeaud tira le premier, et sa balle frappa au-dessus du sourcil gauche M. Dulong, qui a survécu encore plusieurs heures à cette terrible blessure. Une noble rétractation avait été adressée la veille du combat à M. Bugeaud qui l’avait acceptée ; mais un journal ministériel parla avec si peu de mesure de cet acte de réconciliation de M. Dulong, que le combat devint inévitable. La lettre de M. Dulong à M. Bugeaud, remise au roi par M. de Rumigny, a été brûlée de sa main. M. Dulong était ami et parent de M. Dupont (de l’Eure).


— Nous avons trop long-temps tardé de parler d’un roman de M. Capefigue, l’auteur de l’Histoire de la Restauration, à laquelle nous consacrerons plus tard un article. Le roman de M. Capefigue est intitulé Jacques ii à Saint-Germain[1]. Il a été publié il y a peu de temps, et déjà la seconde édition est mise en vente.

Pour nous, le succès du livre s’explique non pas seulement par son sujet et par les allusions qu’une certaine classe de lecteurs y a cherchées, mais par des tableaux vrais et simples, par une abondance d’idées historiques qui manque à presque toutes les compositions de ce genre, et que

  1. Chez Dufey, rue des Marais.