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FANTASIO.

FACIO.

Il serait bon de nous mêler à tout ce peuple qui court les rues, et d’éteindre quelques lampions sur de bonnes têtes de bourgeois.

SPARK.

Allons donc ! fumons tranquillement.

HARTMAN.

Je ne ferai rien tranquillement ; dussè-je me faire battant de cloche et me pendre dans le bourdon de l’église, il faut que je carillonne un jour de fête. Où diable est donc Fantasio ?

SPARK.

Attendons-le ; ne faisons rien sans lui.

FACIO.

Bah ! il nous retrouvera toujours. Il est à se griser dans quelque trou de la rue Basse. Holà, ohé ! un dernier coup !

(Il lève son verre.)
Un officier entrant.

Messieurs, je viens vous prier de vouloir bien aller plus loin, si vous ne voulez point être dérangés dans votre gaîté.

HARTMAN.

Pourquoi, mon capitaine ?

L’OFFICIER.

La princesse est dans ce moment sur la terrasse que vous voyez, et vous comprenez aisément qu’il n’est pas convenable que vos cris arrivent jusqu’à elle. (Il sort.)

FACIO.

Voilà qui est intolérable !

SPARK.

Qu’est-ce que cela nous fait de rire ici ou ailleurs ?

HARTMAN.

Qui est-ce qui nous dit qu’ailleurs il nous sera permis de rire ? Vous verrez qu’il sortira un drôle en habit vert de tous les pavés de la ville, pour nous prier d’aller rire dans la lune.

(Entre Marinoni couvert d’un manteau.)
SPARK.

La princesse n’a jamais fait un acte de despotisme de sa vie. Que Dieu la conserve ! Si elle ne veut pas qu’on rie, c’est qu’elle est triste, ou qu’elle chante ; laissons-la en repos.