Dans le temps où nous vivons, tous les efforts de l’imagination, toutes les études des hommes semblent tendre d’une manière fatale à détruire nos illusions. Les esprits même le plus naturellement disposés à se nourrir des nobles chimères, principal héritage des siècles passés, ne peuvent s’empêcher de les considérer d’un œil curieux, de vouloir connaître leur véritable nature, de les soumettre enfin à la coupelle de l’analyse. On dirait qu’à toutes les passions éteintes la curiosité seule a survécu. Est-il question d’Homère ; ce n’est pas des ouvrages attribués à ce poète dont on s’inquiète, mais des dissertations critiques qui prouvent qu’Homère n’a jamais existé. Veut-on connaître les premiers temps de l’histoire romaine ; il n’y en a plus, on les refait, et celui qui cherche à fixer ses idées sur cette époque glorieuse, les répand et les disperse au contraire dans un dédale de faits contradictoires, d’hypothèses bizarres et de rapprochemens inattendus qui blasent la réflexion et confon-
- ↑ Quelque étrange que puisse paraître le système qui fait l’objet de cette exposition critique, nous avons cru devoir accueillir le travail consciencieux de M. Delécluze. Il est bien entendu, on le comprendra sans peine, que nous n’assumons pas la responsabilité des conclusions. (N. d. D.)