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ANCIENNE LITTÉRATURE ITALIENNE.

    Come la gente non di lui s’ accorge ?
    A prender guardia da’ suoi inganni felli
    Che a Deo li fa, e al monde ribelli !


« Une nouvelle volonté née dans mon cœur me force de dire, de faire connaître ce qu’il y a de triste et de terrible dans ce qui constitue l’Amour trompeur ; et par cela même que j’ai été dévoué à cet Amour, ma volonté exige que je rende témoignage de ce que je sais et que je poursuive et démasque cette tourbe coupable de gens qui suivent ses lois, qui célèbrent par leurs louanges ce qui fait leur malheur et leur perte, c’est-à-dire cet Amour qu’ils ne se lassent pas de voir couronner comme le maître et la source (impero) de tout bien. Les insensés ! ils se couvrent de son bouclier qui est moins qu’une toile d’araignée ! Comment tout le monde ne le démasque-t-il pas ? Comment chacun ne se tient-il pas en garde contre les embûches perfides qui rendent tous ceux qui se dévouent à lui, rebelles envers Dieu et les hommes ? »


Le poète renégat continue :


Non gia me coglieranno a quella setta !
    Alcuna volta fui a sua distretta…
    Ne suo servo era, ne signor ben meo
    Onde m’accorsi del doglioso passo…
    E quasi Deo venia dimenticando,
    Onde del tutto gli aggio dato bando.
    Miri, miri catuno, e ben si guardi,
    Di non in tal sommettersi servaggio,
    Che adduce quanto dir puossi di male,
    Che questa vita tolle e l’Eternale.
    O miseri, dolenti e sciagurati,
    Ponete cura bene u’vi conduce
    Il vostro amore, ch’al malvagio conio
    Odiar via più l’areste che’l demonio.


« Ils ne me reprendront plus dans cette secte !… Plus d’une fois j’y ai été enlacé…, mais il (l’Amour) n’a plus été mon seigneur, et j’ai cessé d’être son esclave, du moment que j’ai reconnu le pas dangereux où j’étais engagé. Je l’ai quitté (l’Amour) lorsque je me suis aperçu que j’oubliais Dieu. Faites attention, vous tous, de ne pas tomber dans une servitude qui produit autant de maux qu’on en peut énumérer, qui détruit la vie présente et la future. Ô malheureux ! prenez bien garde où vous conduit votre amour, car un jour il vous paraîtra plus affreux, et vous le haïrez plus que le démon ! »