Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
ANCIENNE LITTÉRATURE ITALIENNE.

dans des compositions d’un genre tout-à-fait différent, ont tous cependant adopté les mêmes personnages allégoriques, les mêmes symboles et le même argot.

Boccace, considéré comme gibelin, comme sectaire, comme anti-papiste, comme écrivant l’argot de la science d’amour, est peut-être, de tous les hommes avec lesquels il vient d’être associé, le plus curieux à étudier, et celui dont les ouvrages ont fourni à M. Rossetti les bases les plus solides pour fonder son système. Boccace n’est connu aujourd’hui que par les nouvelles de son Décameron, et c’est à peine si l’on se souvient ou si l’on sait que cet écrivain, outre ses travaux purement scientifiques, a laissé des poèmes et surtout des romans qui eurent une très grande vogue jusqu’à la fin du xvie siècle. Au nombre de ces dernières productions, on distingue le Filocopo ou Filocolo, qui renferme les aventures de Biancofiore e Florio, la Fiametta, le Labyrinthe d’Amour et son Songe, narrations en général fort longues, et dont personne jusqu’ici ne croyait avoir deviné le véritable sens. M. Rossetti a fait sur ces romans, et particulièrement sur le Filocopo et la Fiametta, des recherches critiques dont le développement et les détails sont trop étendus et trop multipliés, pour qu’il soit possible d’en donner un extrait. C’est une comparaison continuelle des mêmes allégories, des mêmes personnages et du même langage figuré que Boccace, Pétrarque et Dante ont également employés, quoiqu’en traitant des sujets dont la contexture ou la fable était toute différente. On ne saurait engager trop vivement les personnes qui suivent sérieusement l’étude de la langue italienne à consulter cet intéressant travail, ne fût-ce que pour familiariser leur esprit avec les idées, le tour de phrase et les mots qui distinguent les écrits de ces trois hommes ; mais, je le répète, il faut renoncer à donner ici une idée même sommaire de ces longs romans emblématiques.

Cependant, pour fixer l’opinion du lecteur sur la nature et l’importance des études que M. Rossetti a faites sur les compositions romanesques de Boccace, je choisirai l’une des plus courtes, une espèce de nouvelle intitulée Urbano, dont je donnerai un extrait rapide, en indiquant concurremment le sens caché que notre commentateur a cru y découvrir.

« L’empereur Frédéric Ier, étant à la chasse et poursuivant avec