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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/44

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REVUE DES DEUX MONDES.

FANTASIO.

Ah ! ah ! qu’en sais-tu ? Prendre la lune avec les dents n’est pas à dédaigner. Allons jouer au trente-et-quarante.

SPARK.

Non, en vérité.

FANTASIO.

Pourquoi ?

SPARK.

Parce que nous perdrions notre argent.

FANTASIO.

Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce que tu vas imaginer là ! Tu ne sais quoi inventer pour te torturer l’esprit. Tu vois donc tout en noir, misérable ! Perdre notre argent ! tu n’as donc dans le cœur ni foi en Dieu ni espérance ! Tu es donc un athée épouvantable, capable de me dessécher le cœur et de me désabuser de tout, moi qui suis plein de sève et de jeunesse ! (Il se met à danser.)

SPARK.

En vérité, il y a de certains momens où je ne jurerais pas que tu n’es pas fou.

FANTASIO, dansant toujours.

Qu’on me donne une cloche ! une cloche de verre !

SPARK.

À propos de quoi une cloche ?

FANTASIO.

Jean-Paul n’a-t-il pas dit qu’un homme absorbé par une grande pensée est comme un plongeur sous sa cloche, au milieu du vaste océan ? Je n’ai point de cloche, Spark, point de cloche, et je danse comme Jésus-Christ sur le vaste océan.

SPARK.

Fais-toi journaliste ou homme de lettres, Henri, c’est encore le plus efficace moyen qui nous reste de désopiler la misanthropie et d’amortir l’imagination.

FANTASIO.

Oh ! je voudrais me passionner pour un homard à la moutarde, pour une grisette, pour une classe de minéraux ! Spark ! essayons de bâtir une maison à nous deux.