Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
REVUE DES DEUX MONDES.

Ohé ! braves gens, qui enterrez-vous là ? Ce n’est pas maintenant l’heure d’enterrer proprement.

LES PORTEURS.

Nous enterrons Saint-Jean.

FANTASIO.

Saint-Jean est mort ? le bouffon du roi est mort ? Qui a pris sa place ? le ministre de la justice ?

LES PORTEURS.

Sa place est vacante ; vous pouvez la prendre si vous voulez.

(Ils sortent.)
SPARK.

Voilà une insolence que tu t’es bien attirée. À quoi penses-tu d’arrêter ces gens ?

FANTASIO.

Il n’y a là rien d’insolent. C’est un conseil d’ami que m’a donné cet homme, et que je vais suivre à l’instant.

SPARK.

Tu vas te faire bouffon de cour ?

FANTASIO.

Cette nuit même, si l’on veut de moi. Puisque je ne puis coucher chez moi, je veux me donner la représentation de cette royale comédie qui se jouera demain, et de la loge du roi lui-même.

SPARK.

Comme tu es fin ! On te reconnaîtra, et les laquais te mettront à la porte ; n’es-tu pas filleul de la feue reine ?

FANTASIO.

Comme tu es bête ! je me mettrai une bosse et une perruque rousse comme la portait Saint-Jean, et personne ne me reconnaîtra, quand j’aurais trois douzaines de parrains à mes trousses.

(Il frappe à une boutique.)

Hai ! brave homme, ouvrez-moi, si vous n’êtes pas sorti, vous, votre femme et vos petits chiens !

UN TAILLEUR, ouvrant la boutique.

Que demande votre seigneurie ?

FANTASIO.

N’êtes-vous pas tailleur de la cour ?